23 septembre 2022, il est temps de quitter la Turquie après 515 jours passés dans ce merveilleux pays. Direction l’Iran et les trésors perses.

Nous arrivons à la frontière turque à 15h16. La sortie pour nous 5 se fait rapidement. Nous allons à un bureau où le douanier enregistre nos informations et tamponne nos passeports. Nous sommes ensuite séparés… Yannick et les enfants partent de leur côté pour entrer en Iran. Moi, je retourne à Ookami pour faire sa sortie. Je m’arrête juste devant la grille qui sépare les deux pays. Puis, je donne les papiers d’Ookami au douanier, et là, dans ce que je prends pour un excès de zèle, il décide que Ookami doit passer au scanner. Je ne comprends pas pourquoi, et il me dit que c’est la « routine ». Soit… Il appelle un collègue pour qu’il vienne me chercher. Et c’est long, très long !

De l’autre côté de la barrière, je vois ma jolie meute qui patiente. Ils sont en Iran, je suis en Turquie ! Il leur aura fallu 45 minutes pour changer de pays !

Je dis au douanier que ma famille m’attend de l’autre côté, mais il n’y a rien à faire !

Au bout d’une bonne heure et demie, son collègue arrive enfin. Il monte avec moi dans Ookami et me guide pour aller jusqu’au scanner. Et il part en me laissant seule.

Sur place, un gars sort du bâtiment et me demande ce que je fais là. Je lui dis que je ne sais pas… Je sens bien que je n’ai rien à faire ici et que cela l’agace (moi aussi d’ailleurs !).

En 5 minutes, Ookami passe au scanner et je repars voir le douanier qui me dit, en 30 secondes, que tout est OK !

Côté Iran, je commence en faisant la connaissance d’un couple iranien qui souhaite m’aider. Je suis donc l’homme pour faire valider mon passeport. Nous entrons dans un bâtiment et en quelques minutes, mon visa est tamponné. Effectivement, ici c’est un document à part, notre e-visa que nous avions récupéré à Erzurum, qui est tamponné et qui vaut pour passeport.

Ensuite, nous retournons aux véhicules. Un militaire est là et me demande d’ouvrir Ookami. Il souhaite entrer inspecter à l’intérieur. Je lui demande d’enlever ses chaussures pour entrer (astuce de voyageurs, parfois cela les ennuie et donc ils laissent tomber). Il s’exécute. Il regarde rapidement et ressort. La femme m’explique qu’au départ, il voulait que je vide complètement Ookami, mais elle et son mari l’ont convaincu de me laisser tranquille. Merci !

Nous allons ensuite au bureau pour faire remplir le Carnet de Passage en Douanes (CPD), le passeport d’Ookami, et de valider son entrée en Iran. La démarche est un peu longue. On me promene à droite et à gauche. Après environ une heure, je sors du bâtiment accompagnée d’un homme qui a notre CPD entre les mains. Je retrouve enfin ma meute !!!

L’homme ne veut pas me redonner mon CPD. Il nous fait avancer de quelques mètres et nous explique qu’il était là pour m’aider et que nous devons le payer. Nous ne sommes pas très contents, surtout qu’en entrant dans le bâtiment, je l’ai vu derrière un bureau et l’imaginais travaillant sur place. Mais on ne veut pas d’histoire. Nous voulons récupérer notre document, il est tard et nous sommes fatigués ! Nous lui donnons 20 $ et nous sommes quittes, il nous donne enfin notre CPD. Il est 18h30 (19h00 heure locale), nous pouvons partir.

Nous ne voulons pas dormir sur place, alors nous prenons la route même s’il fait nuit. Nous traversons Maku et expérimentons la conduite iranienne de nuit. Après une heure de route, nous trouvons un spot en pleine nature. Nous sommes épuisés, mais heureux d’être enfin ici.

Le lendemain matin, nous nous réveillons dans ce coin de nature que nous découvrons enfin. Mais nous ne restons pas longtemps, car nous devons vite faire la route jusqu’à Tabriz pour faire de l’échange de monnaie et acheter une carte SIM.

Nous arrivons à Tabriz, située au nord de l’Iran, pour l’heure du déjeuner et nous nous garons sur un parking gratuit qui accueille les voyageurs. Nous avons le plaisir de retrouver nos copains Marion et Laurent, que nous avions rencontrés près de Kars en Turquie, ainsi qu’un autre couple de voyageurs, Éric et Catherine. Après une chouette discussion, nous partons pour le centre-ville pour gérer notre échange et notre SIM.

Nous marchons environ 1h, et nous cherchons le lieu pour faire le change quand deux hommes nous interpellent et nous demandent en anglais si nous avons besoin d’aide. Yannick leur explique et ils nous invitent à les suivre. Ils nous emmènent dans un bureau de change. Nous échangeons 100 $ en rials. Nous avons l’impression d’être riches avec nos 30 500 000 rials, mais ce n’est qu’une impression !!! Cependant nous sommes millionnaires !

Nous partons ensuite à la recherche de notre carte SIM. Nous entrons dans une boutique et le gars à la caisse nous dit qu’il peut nous en vendre une et nous annonce le prix. Yannick trouve cela un peu cher alors on ressort. Nous regardons autour de nous les autres boutiques, toutes les enseignes sont en perse donc illisible pour nous, quand un couple, Elyar et Mohaddeseh, vient nous voir. Nous leur expliquons ce que nous cherchons et ils nous accompagnent pour trouver notre bonheur. Après quelques minutes de marche sans trouver ce que nous cherchions, et de longues discussions, ils nous proposent de nous raccompagner à Ookami et de les rejoindre chez eux pour dîner et passer la nuit. Nous acceptons cette première invitation !

Nous arrivons chez eux, et il s’avère que nous sommes chez les parents de Mohaddeseh, Rahim et Gölsun. Pendant que la maman de Mahaddeseh prépare le repas, nous nous installons dans le salon et nous discutons longuement grâce à Elyar qui joue le rôle de traducteur. En fin de soirée, nous faisons aussi la connaissance de Samad le frère de Mohaddeseh et d’Hossein, son cousin, avec lesquels nous échangeons beaucoup sur la jeunesse iranienne. Après cette première journée riche en émotions, nous allons nous coucher. Dimanche, après une bonne nuit de sommeil, nous partageons le petit-déjeuner avec la famille. Puis nous partons nous balader pour la journée avec Elyar et Mohaddeseh.

Nous partons donc pour visiter le petit village troglodyte de Kandovan. Dans ce village de la province d’Azerbaïdjan oriental, des hommes ont taillé des habitations dans la roche il y a des centaines d’années. Cette roche est le résultat d’interactions volcaniques entre la montagne Sahand et d’autres montagnes volcaniques depuis des milliers d’années.

Cela nous a beaucoup rappelé la Cappadoce, et nous avons vu apercevoir des maisons toujours habitées par des locaux. Après avoir déambulé dans les petites rues de Kandovan, nous allons partager un chouette pique-nique préparé par la maman de Mohaddeseh. Nous reprenons ensuite la route pour Tabriz.

Elyar et Mohaddeseh n’ont pas fini de jouer les guides et ils nous emmènent à El Goli, ou Shah Goli qui signifie « piscine du roi ». On y trouve un monument construit au milieu d’un lac est un lieu de promenade apprécié par les Iraniens. Il s’agit d’un petit palais qui fut utilisé comme lieu de villégiature royale pendant la dynastie Qajar. Aujourd’hui, ce palais a été transformé en salle de réception.

Nous allons ensuite nous promener dans le parc Eynali. Mais quand nous arrivons, le soleil se couche et le vent froid se lève. Nous n’aurons pas pu profiter pleinement de ce lieu. Tant pis !

Lundi matin, Elyar part avec Yannick pour nous aider à acheter un forfait internet. Il négocie pour avoir un forfait local qui nous coûte beaucoup moins cher que le forfait touriste. Pendant ce temps, je reste avec Mohaddeseh et nous en profitons pour échanger toutes les deux. Elle me raconte sa vie de femme ici. Elle me confie son envie de changements avec les événements qui ont lieu en ce moment ! Pour rappel, nous arrivons en Iran quelques jours après le début des manifestations déclenchées par la mort de Mahsa Amini, arrêtée pour « port de vêtements inappropriés ». Lundi après-midi, c’est le moment des au revoir ! Quel plaisir d’avoir rencontré cette belle famille !

Nous partons alors découvrir le bazar de Tabriz, sans doute le plus long bazar du monde puisqu’il s’étend de 3 km de long sur 2 km de large. Nous nous y enivrons les douces odeurs des épices et admirons les magnifiques tapis. Au détour d’une ruelle, un couple nous invite à boire un thé. Et, lors d’une pause pipi des enfants, nous faisons la connaissance de deux hommes qui nous invitent aussi à partager un thé.

Nous allons ensuite visiter la mosquée bleue construite en 1465. Elle a subi un terrible tremblement de terre en 1779 et fût totalement détruite. Il lui faudra attendre 200 ans pour que les travaux de rénovations commencent.

Pour finir la journée, nous avons rendez-vous avec Samad et Hossein dans le café dans lequel ce dernier travaille. Nous passons deux heures à échanger sur différents sujets et surtout sur la situation actuelle. Ces jeunes ont envie et besoin de trouver leur liberté de vivre !!!

Mardi, nous restons toute la journée sur le parking gratuit de Tabriz pour attendre notre carte bleue, car, en raison de l’embargo, les cartes étrangères ne fonctionnent pas en Iran. Mais elle ne viendra pas aujourd’hui. Heureusement, nous ne sommes pas seuls. Nous sommes entourés d’un couple suisse (Dominic et Lyvia) et d’une famille allemande qui a un garçon, Lucas, et une fille, Emma, qui jouent beaucoup avec nos louveteaux.

Mercredi, pendant le temps d’école et de travail, notre carte bleue nous est livrée !!! Nous devons quand même encore attendre un message de notre contact pour avoir notre code PIN. Jeudi matin, nous recevons enfin notre code PIN dans la matinée. Un peu d’école, du travail, les derniers temps de jeux et d’échange et c’est l’heure de partir. Nous reprenons enfin la route en direction de la mer Caspienne.