Après nos quelques jours à Erzurum, nous voici donc partis pour l’est de la Turquie ! Nous faisons environ une heure de route afin de trouver un spot en bord de rivière. Il fait très chaud et nous avons besoin de trouver de la fraîcheur.

Avant de nous installer, nous nous arrêtons pour faire le plein d’eau à une fontaine, près de laquelle une famille kurde s’est installée. Une (très) grande famille nous invite à partager un çay. Nous discutons pendant près d’une heure, puis nous allons trouver notre petit coin au calme pour passer la nuit sur les bords de la rivière Araxe.

Nous partons le lendemain après l’école. Sur la route, nous nous apercevons que les spots avec de l’ombre commencent à être durs à trouver. Nous espérions pouvoir nous poser près de la rivière que nous longeons depuis plusieurs kilomètres, mais le chemin est semé d’embûches. Nous décidons donc de nous poser sur un terrain entouré de buissons bas pour passer la nuit. Cela nous rappelle quelques spots que nous avions faits au Maroc.

Le lendemain matin, nous reprenons la route toujours en quête d’un chouette spot. On essaie toujours de longer cette rivière en empruntant une piste. N’ayant rien trouvé de chouette, nous prenons alors la route en bitume en direction de Kars et nous trouvons un joli spot avec une rivière et des arbres. Parfait ! Nous y retrouvons Baran et Margarita que nous avions quittés sur les bords de la mer Noire.

Et sur ce spot, nous allons y rester longtemps, très longtemps… trop longtemps ! En effet, il y a plus d’un mois, j’ai fait ma demande de renouvellement pour mon permis de conduire international. Mais l’administration française n’est toujours pas très rapide. Alors il nous faut attendre ce document pour pouvoir passer la frontière et découvrir l’Iran.

Heureusement, nous sommes super bien ici et nous sommes bien entourés. Il y a donc Baran et Margarita qui seront restés ici trois jours, mais il y a aussi Marion et Laurent (les belgo nomades) qui attendent désespérément une pièce pour leur van qui doit venir de France. Nous cohabitons donc ici en toute harmonie.

Après plus d’un mois d’attente, notre demande de renouvellement de permis international en est toujours au même stade… Nous décidons que nous trouverons une autre solution. Cependant, nous avons quand même des effets personnels que nous voulions récupérer de France et nous demandons donc à ma sœur de nous envoyer un colis via UPS, car nous savons qu’ensuite les envois internationaux risquent de se compliquer un peu. Les délais sont plutôt courts, moins d’une semaine généralement, nous aurons notre colis à l’agence de Kars. Parfait ! Nous patientons auprès des copains Marion et Laurent.

Nos journées sont rythmées par l’école, le travail, mais aussi des activités créatives comme la couture, la broderie, le punch needle et les incontournables Lego !

Malheureusement pour notre colis, les choses ne se passent pas aussi facilement que prévu. Il est bien arrivé aux douanes à Istanbul en 2 jours, mais UPS nous demande plusieurs fois le même document, une facture douanière. Nous nous exécutons même s’il est compliqué pour nous de produire un tel document sachant que ce ne sont que des affaires que nous souhaitons récupérer, ce n’est pas un achat que nous faisons importer. Nous finissons par nous rendre directement à l’agence de Kars. L’agent passe un coup de fil et nous dit de patienter encore deux jours, notre colis sera arrivé. Mais quand nous y retournons, toujours rien. Et de plus, on nous demande encore le même papier !!!

On commence à en avoir sérieusement marre. En effet, cela fait 25 jours que nous sommes ici, dont la moitié à attendre nos colis UPS. Nous pensions que, pour le prix que nous payions pour ces envois, les transporteurs facilitaient les transits. Quelle erreur, car c’était sans compter sur les douanes !!! Et faire venir des choses, même quand c’est un cadeau, case à cocher lors de la préparation de l’envoi qui normalement facilite les choses, mais il y a toujours des démarches à faire, des papiers à (re)remplir, des frais et taxes à payer… un vrai tour de force pour récupérer notre colis (qui en ce jour de 20 octobre, date à laquelle j’écris ce texte, vient d’arriver à l’agence de Kars).

Vendredi 23 septembre, nous décidons donc de partir. Nous avons envie et besoin d’avancer dans notre vadrouille. Nous envoyons un message à l’agence UPS de Kars pour l’informer que nous partons. Il nous répond en nous demandant encore le même papier !!!

Définitivement, nous en avons marre. Nous reprenons la route ! Direction le sud vers Doğubayazıt !

Post Scriptum

J’avais envie de terminer cet article avec les émotions et les sentiments que nous avons pu expérimenter pendant nos 515 jours en Turquie.

Je sais que beaucoup de personnes ont eu peur, au départ, quand ils ont su que l’on partait dans ce pays. Mais ce sont leurs peurs, vos peurs, et nous n’avions pas envie de les emmener avec nous. Alors, nous vous avons entendus, mais surtout, nous nous sommes écoutés. Et heureusement pour nous !!!

Nous avons vécu une formidable aventure en Turquie. Je le redirai probablement pour d’autres pays, mais j’ai très envie de vous dire qu’il faut faire la différence entre la vision que l’on peut avoir d’un pays, gouvernement depuis son propre pays et votre propre regard sur le pays en question et ses habitants, sa culture…

Votre vision, vous ne pourrez l’enrichir qu’en rencontrant ses habitants. Celles et ceux qui souhaitent la paix, la liberté, qui souhaitent vivre librement, qui veulent manger à leur faim, se divertir comme bon leur semble, se déplacer comme ils aimeraient. Bref, celles et ceux qui aimeraient un peu de ce rêve d’Occident dans leur vie.

Alors oui, la politique menée en Turquie n’est pas celle que l’on aimerait y voir, particulièrement sur le plan économique. Les gens ont beaucoup de difficultés à vivre confortablement. En un an, l’inflation dépasse les 90%, les prix des carburants et du gaz ont triplés, celui de la nourriture doublé au minimum, et les salaires n’ont augmenté que de 50%.

Mais, je n’ai pas envie de vous parler de la politique, j’ai envie de vous parler des Turcs. C’est un peuple bienveillant, accueillant, souriant, qui a de belles leçons d’hospitalité à donner aux Français. Un peuple fier de son drapeau, de sa culture, de son Père Fondateur Mustafa Kemal Atatürk, qui a pris des décisions pour la liberté de son peuple bien avant la plupart des pays d’Europe de l’Ouest. Un peuple qui croit profondément à la laïcité, et qui respecte les autres même s’ils ne sont pas de la même religion. Un pays où voir marcher ensemble une femme en burqa avec une autre en short ne choque personne. C’est aussi un peuple qui respecte son prochain. Un peuple qui ne donne pas de leçon aux autres, mais qui s’enrichit des échanges qu’ils peuvent avoir ensemble. Un peuple qui vous fait grandir l’âme.

N’ayez pas peur, venez, laissez-vous porter, laissez-vous surprendre par ces femmes et ces hommes qui ont le cœur sur la main. En disant cela, je pense à Yavuz, Sibel, Efe, Hira, Nuray, Koray, Selma, Aykut, Ayten, Yücel, Hafize, Önder, Sule, Zahir, Aysun qui nous ont ouvert leur cœur et leur maison. De merveilleuses rencontres que nous garderons à tout jamais dans nos cœurs.

Je pense également à toutes ces femmes et tous ces hommes qui, au détour d’un parc ou d’un sanayi, nous ont conviés à partager un çay ou un repas.

Je crois que la Turquie et les Turcs nous ont marqués à vie. Ce n’est pas pour rien que nous y avons passé autant de temps.

Nous nous y sommes sentis accueillis, aimés et en sécurité. Et oui, en sécurité. Nous n’avons jamais été aussi sereins qu’en Turquie !

Alors, arrêtons les préjugés, expérimentons, accueillons, rencontrons, ouvrons nos cœurs à ce que nous ne connaissons pas. Je vous remercie d’avoir pris le temps de lire ces dernières lignes tellement importantes pour nous. En effet, ce sont ces lignes qui nous poussent à faire découvrir le monde et ses habitants à nos enfants. Nous voulons qu’ils expérimentent ces rencontres et qu’ils se nourrissent de ces merveilleux souvenirs qui les accompagneront tout au long de leur vie.

Görüşürüz sevgili Türkiyem