Pendant les jours qui viennent, nous allons parcourir les kilomètres de la célèbre Pamir Highway, la M41. C’est l’une des routes les plus célèbres et les plus spectaculaires du monde, traversant certaines des régions les plus isolées et les plus montagneuses d’Asie centrale.
La Pamir Highway a été construite dans les années 1930 pendant l’ère soviétique pour relier les régions éloignées du Pamir au reste de l’Union soviétique. Elle servait à des fins militaires et stratégiques, ainsi qu’à faciliter le commerce et le déplacement des populations locales.
Nous avons donc quitté Sary-Tash avec nos amis Len et Jerry pour rejoindre la frontière Kirghize. Nous arrivons au poste vers 17h. Le passage se fait super facilement et rapidement. En moins de 20 minutes, nous sommes tous les 7 passés ! Et sans aucune vérification du véhicule.
Nous décidons de dormir quelques kilomètres plus loin. Dans le no man’s land. Une première pour nous en 5 ans sur les routes ! Nous sommes vraiment au milieu de nulle part, entourés par les montagnes du Pamir. Officiellement plus au Kirghizistan mais pas encore au Tadjikistan, les 2 postes frontières sont distants de presque 20 km. Tout est calme et silencieux, si ce n’est le vent qui souffle fort et qui est bien froid !!!
Le lendemain, nous quittons notre spot vers 8h30 pour rejoindre le poste frontière tadjike.
Nous passons d’abord un dernier check point kirghize. Le militaire vérifie nos passeports et nous laisse passer. Mais avant il nous rappelle que la route monte en épingle à cheveux. Nous le savions, donc pas vraiment de surprise.
Ce que nous savions moins, c’est l’état de la route. Enfin, de la piste (mais nous savions que c’en était une). Les premiers mètres se font facilement, mais rapidement l’état se dégrade très fortement et, avec la montée, Ookami n’en peut plus !!! Et même il n’avance plus !
La piste est vraiment accidentée !!! Globalement c’est de la terre tassée avec des cailloux et de belles ornières. Le dénivelé est assez important, nous montons à plus de 10%, et l’altitude empêche notre turbo de fonctionner. Quelques trous viennent ponctuer ce joli décor. Nous savions que le col de la Kyzyl-Art Pass était une des épreuves de cette route, nous entrons donc vite en matière !
Après quelques essais, nous décidons de faire descendre tout le monde (3 adultes et 3 enfants, cela fait quelques kilos en moins quand même !)
Je reprends le volant, j’accélère. Ookami accepte de repartir et je ne m’arrête plus ! Ça bouge dans tous les sens ! Mon pauvre Ookami !!! Mais pas le choix, sinon on ne repart pas ! Partie réussie !!!
Mais ce n’est pas fini. La fin de la montée de ce col n’est pas beaucoup mieux. Je reprends alors Ookami et je grimpe jusqu’au bout. On l’a fait !!!
Que d’émotions !!! Le Tadjikistan se mérite !!!
Nous rejoignons enfin le poste frontière. Encore une fois, tout se fait rapidement et facilement ! Les agents tamponnent nos passeports, un autre enregistre Ookami et nous fait payer la road tax (de 45$) et c’est parti.
Welcome to Tadjikistan!!!
Après le passage de frontière, notre objectif est de rejoindre la ville de Murghab.
Nous longeons le lac Kara-Kul qui, vu de la route semble gigantesque. Et c’est en prenant de la hauteur que l’on en prend encore plus conscience. Le lac Kara-Kul se trouve dans une dépression formée par un ancien cratère d’impact de météorite. Avec un diamètre d’environ 25 km, c’est l’un des plus grands lacs de haute montagne de la région ! Mais ce que nous savourons le plus, c’est sa beauté qui réside dans ses couleurs changeantes. Ses eaux peuvent passer du bleu profond au turquoise, en fonction de la lumière (et de la saison). Après notre expérience de la Kyzyl-Art Pass, ce lac nous offre un peu de douceur !!!
Après ce joli lac, un défi nous attend : le col Ak-Baytal. C’est le passage le plus élevé et impressionnant de la Pamir Highway (M41), culminant à 4 655 mètres d’altitude. Il est non seulement le plus haut col de la Pamir Highway, mais aussi le second des plus hauts du monde accessible en véhicule, juste après celui de la Karakorum Highway au Pakistan qui culmine à 4720 mètres. Nous enclenchons la première vitesse et c’est à 15km/h que nous gravissons ce col. Doucement, mais sûrement … Ookami a chaud, mais il réussi avec succès cette ascension !
La route est longue et en mauvais état jusqu’à Murghab. Nous décidons alors de nous arrêter à 30km de la ville pour la nuit, sur les bords de la rivière Ak-Baytal. Une nuit fraîche, mais reposante après toutes ces aventures de la journée.
Le lendemain, nous reprenons la route pour Murghab. Notre mission est de trouver une carte SIM, faire quelques courses et le plein d’eau et de diesel. C’est ici que nous nous séparons de nos Len et Jerry. Belle route les amis ! Ce fut un vrai plaisir de partager ces quelques jours avec vous ! Prenez soin de vous !
Nous partons après le déjeuner en direction de Korogh. La route est longue, très longue, en mauvais état et elle ne fait que monter !!! Nous sommes à 4 200m d’altitude et on espère très très fort que cela va bientôt descendre !!!
À cette altitude, les voyageurs peuvent être confrontés au mal des montagnes, en particulier ceux qui ne sont pas acclimatés. Il est recommandé de prendre des précautions, telles que monter lentement, boire beaucoup d’eau, et se reposer fréquemment. Certains voyageurs peuvent également avoir besoin de médicaments pour lutter contre les effets de l’altitude.
Nous savons aussi que pour ne pas être malades, nous devons dormir à une altitude 500m plus bas que le maximum de la journée. Je crois qu’aujourd’hui cela va être compliqué. Nous sommes un peu descendus, mais nous stagnons à 4000m…
Nous décidons quand même de nous arrêter, car la fatigue nous rattrape ! Et dans la nuit, cela ne loupe pas. Nous avons tous plus ou moins mal à la tête. Et Luna, Liam et moi (Sylviana) vomissons. Ça c’est fait !
Après une nuit bien compliquée, nous reprenons la route de bonne heure. Aucun de nous 5 n’a envie de traîner. Nous ne prenons même pas de petit-déjeuner ! Les kilomètres s’enchaînent à 10km/h. Voyons le bon côté des choses : nous avons le temps de voir défiler le paysage !!!
Nous voyons enfin l’altimètre descendre un peu. Nous longeons le lac Čururkul’ perché à 3 800m d’altitude. Dans ce paysage aride, il nous offre un superbe décor avec ses eaux cristallines et ses traces de sel.
La descente ne dure pas longtemps… Dans l’après-midi, nous gravissons le col de Koitezek Pass qui culmine à une altitude de à 4295m. C’est le dernier col que nous passons. Enfin, nous pouvons vraiment redescendre en altitude !!!
Pour la nuit, nous trouvons un spot sur les bords de la rivière Toguzbuloq. Nous dormons à 3200m d’altitude. Cela fait du bien ! Nous nous sentons tous vraiment mieux. Nous pouvons poursuivre notre vadrouille sur la Pamir Highway sereinement!
Le lendemain, nous reprenons la route vers 9h00 en direction de Korogh. Et même si la route est en mauvais état, les paysages sont superbes.
Nous traversons plein de jolis petits villages. Découvrons de petites maisons avec de très jolis jardins. Et nous sommes entourés de pleins d’arbres et de champs !
Nous traversons aussi quelques zones de travaux qui nous rappelle la Khunjerab Pass au Pakistan. En début d’après-midi, nous arrivons à Korogh. Nous nous arrêtons pour faire quelques petites courses et le plein de carburant.
Nous reprenons ensuite la route en direction Kailab Khumb. La route se dégrade encore un peu plus, mais nous le savions. Nous savourons quand même cette étape car nous longeons la frontière avec l’Afghanistan. Seule la rivière Panj, nous sépare de ce pays. Nous découvrons de nouveau paysages et de petites maisons afghanes avec ses habitants. Même de loin, nous avons droit à des “coucou”. Sur cette partie, nous croisons beaucoup de militaires qui veillent. Pour la nuit, nous nous arrêtons sur une petite piste près de la route et face à l’Afghanistan.
Après une nuit très calme, nous commençons la fameuse zone de travaux. De nombreuses sections de la route sont en mauvais état en raison de l’usure, des conditions climatiques extrêmes (neige, glissements de terrain, érosion), et du manque d’entretien régulier. Cette route est pourtant l’une des principales artères reliant le Tadjikistan à ses régions éloignées et à ses voisins, notamment le Kirghizistan et l’Afghanistan. Elle est donc cruciale pour le transport de biens et de personnes, ainsi que pour l’accès aux services de base, comme les soins de santé et l’éducation, dans les régions isolées du Haut-Badakhchan.
Le gouvernement tadjik, avec le soutien de partenaires internationaux comme la Banque mondiale, la Banque asiatique de développement (BAD), et d’autres institutions, a lancé plusieurs projets de réhabilitation pour améliorer l’infrastructure de la Pamir Highway. Ces projets incluent la réparation des routes endommagées, le renforcement des ponts, et la stabilisation des sections sujettes aux glissements de terrain.
Par conséquent, on se dit que c’est un mal pour un bien. Nous sommes régulièrement arrêtés par des pelleteuses qui “travautent” à fond (je sais ce n’est pas français, mais j’aime bien ce mot!). Les chauffeurs de poids-lourds tadjikes viennent nous voir, curieux et ravis de notre présence. Ils sont vraiment adorables.
Nous finissons par reprendre la route après plus d’une heure d’arrêt. Nous passons un check point (où nous nous arrêtons pour donner une copie de nos passeports et du GBAO). Puis nous découvrons une belle route toute goudronnée. Fausse joie ! Cela ne dure qu’un tout petit kilomètres. Nous décidons alors de nous arrêter à une station service pour passer la nuit. L’Afghanistan est toujours à quelques mètres de nous. Si proche de nous et pourtant si loin !
Le lendemain, on peut dire que nous avons passé la journée dans les travaux ! Dans la matinée, nous restons arrêtés pendant une heure. Ensuite, nous rencontrons des hommes qui nous interpellent pour les aider (ils avaient besoin d’une clé de 11). D’ailleurs, nous avons une petite frayeur, car de l’eau coule devant le camion, nous faisant penser au radiateur. Que nenni ! En fait, nous sommes passés dans une énorme flaque d’eau quelques minutes avant…
Dans l’après-midi, vers 15h30, nouvel arrêt travaux. Mais cette fois, nous devons attendre jusqu’à 18h30 pour pouvoir passer… Nous patientons alors, en compagnie d’un groupe de jeunes garçons d’une petite dizaine d’années, curieux de notre présence.
La route rouverte, nous roulons encore une heure avant de trouver un petit coin sur le bord de cette piste. L’Afghanistan est toujours en face de nous !
Le lendemain matin, nous avons décidé de partir très tôt. 7h40, c’est parti ! Notre objectif de la matinée est d’abord de rejoindre Khailakhum. Il nous reste encore une vingtaine de kilomètres dans les travaux ! Doucement, mais on y arrive ! Pendant quelques kilomètres, nous continuons encore de longer la frontière afghane qui nous offre de jolies vues sur les habitations. Et puis, nous la quittons en nous dirigeant vers Kulob. Et nous quittons aussi officiellement la Pamir Highway, fatigués mais heureux d’avoir vécus cette expériences ! Après Kulob, ce sera Douchanbé. Mais ça, je te le raconte la prochaine fois !