Notre sortie de l’Iran

Nous avons donc dormi à la douane, juste à la frontière qui sépare l’Iran du Pakistan. Nous profitons donc d’être déjà sur place pour pouvoir commencer les formalités dès l’ouverture des bureaux.

Après un petit-déjeuner rapide, nous entrons donc dans la zone de douanes. Dès la première barrière, on nous demande nos passeports et d’attendre dans le parking sur le côté. Bien entendu, quelques Pakistanais, curieux de notre véhicule, nous entourent rapidement. Nous discutons un peu et nous avons plaisir à rencontrer des personnes si souriantes !

Après un quart d’heure d’attente, une personne en voiture nous klaxonne : c’est Hamid, « The king of Taftan Border » comme il aime à se faire appeler. Nous avions entendu parler de lui et nous savions qu’il viendrait à notre rencontre comme il nous l’avait promis la veille au soir. Il nous prend donc en main !

Et là, tout va très vite, du moins par rapport à la vitesse locale ! Il sait qui aller voir, il sait comment faire pour que les choses se passent facilement au bureau, aucun doute, son surnom n’est pas usurpé !

En moins d’une heure, nous voici donc sortis d’Iran !

Notre entrée au Pakistan

Après avoir passé la grille, un premier bureau nous demande nos papiers. Par « nos papiers », nous entendrons : les passeports, nos e-visas et le Carnet de Passage en Douanes. Vous verrez, on va nous les demander plusieurs fois…

Petite précision : le Pakistan propose des e-visas, il faut donc constituer son dossier en ligne (dont idéalement une lettre d’invitation rédigée par une personne agréée), payer les frais, participer éventuellement à un entretien et attendre quelques jours pour la réponse. Super simple, d’autant plus que la personne qui rédige notre lettre d’invitation, Hussain, est très disponible et connaît la procédure sur le bout des doigts. Si vous avez besoin de ses coordonnées, demandez-les-nous !

Cela ne prend que quelques minutes, le temps de vérifier que tout est en ordre et de tout noter sur un cahier à la main. C’est une habitude à force, tout est noté à la main.

Il nous dirige vers un second bureau, celui de l’immigration. Ici nous donnons aussi nos papiers, ils rentrent les données dans un ordinateur (le seul ordinateur qui recevra nos informations !). Maïa se voit offrir un thé pour l’attente. Décidément, ses yeux font fondre tout le monde !

Quelques dizaines de minutes plus tard, nous voilà donc en règle !

WELCOME TO PAKISTAN !

En sortons du bureau, nous profitons de faire un peu de change, 100 $ pour 20.000 roupies pakistanaises, et nous reprenons le camion ! Enfin, pour faire quelques mètres.

Nous sommes arrêtés par une nouvelle barrière, où cette fois il y a pas mal de monde. Chaque personne entrant au Pakistan donne ses papiers, et comme il y a des bus, cela s’apparente vite à une foule ! Comme d’habitude, on nous fait passer devant tout le monde, ce qui nous gêne un peu. On nous fait entrer dans une petite cahute et on nous demande nos papiers. Les agents les prennent en photo avec un smartphone, puis notent les informations sur un grand livre, toujours à la main !

Puis on nous demande d’attendre, et pendant cette attente, on fait des selfies. Et on nous demande de venir dans une autre cahute. Les douaniers reprennent nos papiers, qui sont de nouveaux notés à la main. Ils nous demandent pourquoi nous venons au Pakistan, et quand on leur dit qu’on veut visiter ce pays dont si peu de voyageurs ont parcouru les routes et dont ils nous disent tant de bien, leurs visages s’illuminent de grands sourires radieux.

Ça y est, nous pouvons passer la dernière barrière ! Mais… avant de pouvoir circuler librement dans le pays, nous allons traverser une zone « tendue » du Pakistan. Nous serons donc escortés le temps de parcourir les routes du Balochistan. Nous voilà donc guidés vers le camp des Levies, nos anges gardiens pour ces prochains jours !

Les Levies sont une unité militaire du Pakistan qui assure la protection des touristes dans cette région, et ils sont attentionnés envers nous. Nous avons la possibilité de dormir dans une pièce du camp, mais nous préférons notre Ookami.

Dans l’après-midi, 2 back-packeuses de Hong-Kong (Whimsy et Fion) nous rejoignent. Notre équipage est au complet ! Nous partirons le lendemain matin 8h. Nous avions entendu que les Levies n’étaient pas toujours pressés le matin, flegme pakistanais oblige, et qu’un autre convoi était parti quelques jours plus tôt à 10h30. On ne se tracasse pas, nous allons voir comment cela se passe pour nous.

En milieu d’après-midi, un levie me demande de le suivre afin de remplir le Carnet de Passages en Douane d’Ookami (vous vous rappelez, c’est comme son passeport). Nous partons donc ensemble, avec Ookami, jusqu’au bureau. Sur place, des dizaines d’hommes (et uniquement d’hommes) m’entourent, tous plus souriants les uns que les autres. Deux hommes remplissent le CPD et écrivent quelques informations dans un grand livre. Nous allons ensuite faire signer les papiers au grand chef qui est dans son bureau. Son bureau ? Une petite pièce dans lequel il y a un lit (sur lequel il est allongé), un tapis et une télévision qui diffuse un match de cricket. Deux signatures, des sourires et des échanges amicaux et nous retournons dans le bureau précédent. Les hommes m’invitent alors à m’asseoir et ils m’apporte un çay latte, bouillant mais très bon.

Je reviens ensuite au camp et nous finissons la journée en douceur avec au programme jeux pour les enfants, pâtisserie, travail et, pour clore la journée, un dessin animé avec, en spectateurs, quelques levies.

Notre escorte au Pakistan — Jour 1

Afin d’être certains de partir à l’heure, à 8h pétantes nous montrons bien que nous sommes prêts ! Le résultat est payant, car à 8h15 nous partons avec nos compagnes de voyage.

Pour ce convoi au Pakistan, nous avions imaginé partir avec au moins deux 4X4 équipés de mitrailleuse et chacun d’eux quatre ou six militaires également armés (c’est ce que nous avions vu à la frontière hier). Mais en fait, pas du tout ! Il s’agit finalement de 3 Levies, Kalachnikov à la main, dans un Toyota Hilux d’un autre âge. Mais ils sont là, et cela suffit probablement à faciliter les choses. Et puis ce sont les règles édictées par le gouvernement, nous nous y plions donc.

Le paysage est diversifié, nous apercevons des dromadaires, des dunes de sable, des montagnes et quelques oasis. Le tout ponctué, toutes les heures, d’un changement d’équipe de Levies. À chaque changement, on nous demande nos papiers, qui sont notés à chaque fois dans un grand livre. L’occasion pour les Levies de prendre un selfie avec nous !

Au terme de notre première journée, nous arrivons à Dalbandin, où nous devons dormir au poste de police, par sécurité. Nous sommes ainsi invités à nous installer dans une petite pièce, par terre. Nous y mangerons notre premier repas local : Dhal, riz, pain et fruits. Très bon, mais bien épicé!

Vers 19h, un policier arrive dans la pièce pour travailler. Il nous assure que nous ne le dérangeons pas, et qu’il aura fini en principe vers minuit… Ce n’est juste pas possible pour nous. Finalement, les policiers nous propose une autre pièce où personne ne travaillera. Une nuit un peu spartiate, mais tout le monde y trouve son compte, cela conviendra donc !

Notre escorte — Jour 2

C’est de bonne heure, 8h, que nous reprenons la route, dont il nous reste encore la moitié.

Nous espérons arriver assez tôt à Quetta, car nous devons y faire la demande d’un papier afin de pouvoir quitter le Balochistan (et retrouver notre liberté de circuler dans le reste du Pakistan) : le No Objection Certificate (NOC).

Cette fois nous ferons des changements d’escortes tous les 10 à 30 km, autant dire qu’on avance pas très vite ! Nous avons en tout 15 changements d’équipe. Parfois, ce sont juste des changements, d’autres fois, ce sont de vrais check point où les policiers nous demandent nos papiers pour noter les informations (ou prendre des photos).

Bien entendu, nous arrivons un peu trop tard à Quetta pour demander notre NOC. Yannick, Whimsy et Fion ont quand même tenté de rencontrer un responsable pour obtenir ce document. Ils ont longuement échangé avec un homme qui lui a dit que c’était possible de l’avoir pour le lendemain. On ne veut pas se faire de fausse joie, alors on est content mais prudent. On se prépare donc à passer le week-end ici.

Alors, deux solutions se proposent à nous : l’hôtel Bloom Star, dont nous savons qu’il est médiocre et coûte 20 € la nuit, ou dormir dans la Police Station. J’insiste donc lourdement et de nombreuses fois pour dormir à la Police Station. Nos compagnes de voyage se retrouvent obligées de partir à l’hôtel, car elles n’ont pas le droit de poser leur tente dans l’enceinte de la Police Station. Je décide donc de leur laisser une de nos tentes. Comme elles sont en hauteur, cela convient pour le chef de la sécurité. Nous resterons donc ensemble pour ce week-end. Elles sont ravies et nous aussi de pouvoir les aider.

Notre attente à Quetta

le lendemain matin, Yannick et les filles vont voir le bureau du responsable pour savoir si nos NOC sont prêts. Des hommes nous affirment que oui, alors, ils préparent un véhicule pour nous emmener à l’hôtel de ville. C’est l’occasion de faire la connaissance de Saadat Ali, qui va veiller sur nous pendant ce week-end. Nous arrivons sur place et, comme nous nous en doutions, il n’est pas possible d’avoir notre NOC car c’est le week-end et que les bureaux sont fermés. Donc, retour à la Police Station !

Durant ce week-end, nous patientons tranquillement, l’occasion pour nous de reprendre un peu du retard que nous avions sur le blog, mais aussi pour nous reposer de ces 2 jours d’escorte.

Whimsy et Fion nous prépareront un plat adapté chinois. Elles sont végétariennes aussi, donc les repas entre nous sont simples à organiser !

Les enfants font la connaissance de quelques enfants qui vivent à côté et qui viennent tous les jours. D’ailleurs, de nombreuses personnes viennent pour nous observer. Nos louveteaux font particulièrement la connaissance de Ikra et de sa famille. Avec ses soeurs, Aksa et Afsa, elles nous invitent chez elles et prennent le temps de décorer nos mains avec de très jolis mehendi.

Nous faisons également la connaissance de Adnan qui vient même nous apporter un petit-déjeuner (lassi, crêpes, mélange avec des pois chiches et légumes aux épices, ainsi qu’une préparation sucrée avec de la semoule très fine) et un dîner (soupe et samossas). Toute cette générosité nous touche beaucoup !

Dimanche soir, un groupe de voyageurs nous rejoindra. Ils viennent d’Iran eux aussi et viennent de finir leur escorte.

Le jour J

Nous partons vers 10h pour le bureau du Home Office, qui doit nous délivrer nos documents, avec Saadat Ali. Là, chacun des voyageurs donne l’itinéraire prévu pour les jours à venir. L’itinéraire privilégié par le bureau est la route vers Islamabad, en partant vers le nord. Cela signifie 3 jours d’escorte supplémentaires avec au programme de longues journées de route.

De notre côté, nous exprimons notre envie de partir pour Lahore en passant par Sukkur, solution proposée par Hussain. Cette solution nous fera sortir au terme d’une journée du Balochistan et donc nous débarrassera plus rapidement de l’escorte. Comme à l’habitude, il faut insister plusieurs fois pour avoir gain de cause !

Whimsy et Fion partent pour Islamabad aussi, mais en bus, donc sans l’escorte. Nous leur disons donc « À bientôt ».

De retour vers 13h à la Police Station, nous attendons l’organisation de l’escorte avant de pouvoir partir. 15h, nous partons enfin ! Le GPS nous indique 4h de route environ, nous sommes confiants donc, vers 20h nous serons arrivés ! Quelle naïveté !!!

Nous mettons 1h pour sortir de Quetta, puis nous devons attendre la relève de l’escorte, qui mettra une heure de plus à arriver. Il y avait un accident sur la route. Yannick sort d’Ookami pour prendre l’air et échanger avec les policiers qui nous escorte. Et, au fil des échanges, il s’aperçoit qu’ils nous emmènent à … Karachi, ville au sud du Pakistan ! Yannick leur explique que ce n’est pas du tout ce qui est prévu (ni d’ailleurs noté sur le NOC). Après quelques appels téléphoniques, l’escorte est réorganisée.

Yannick en profite pour faire un tour d’inspection d’Ookami qui réagit étrangement : des à-coups, le moteur qui se coupe quand on ralentit… Il recommence un peu comme en Iran. Je purge le filtre à gasoil, mais sans grande conviction, car il semble propre. Nous repartons sans difficulté, rassurés !

Après une heure de route, nous faisons un changement d’équipe de Levies avant d’attaquer la route de montagne. Nous savions qu’il y avait un passage de montagne, en descente majoritairement, donc nous n’avions aucune inquiétude. Cependant, le soir commence à tomber, ici à 18h il fait nuit, et nous n’aimons pas trop cela, surtout qu’il nous reste encore beaucoup de route !

Et cette route, nous allons nous en souvenir longtemps ! Elle est magnifique, mais complètement chaotique. En fait de route, c’est plutôt de la piste sur plusieurs dizaines de kilomètres, sur laquelle se croisent difficilement les camions, qui sont pourtant très nombreux. Forcément des embouteillages se créent et nous n’avançons que très lentement. La nuit est désormais tombée, des camions nous encerclent. Le chef des Levies prend sur lui de fluidifier la circulation. Nous attendons son retour une bonne heure de plus !

Nos dernières heures sous escorte au Pakistan

Ce n’est qu’à 22h40 que nous terminons cette route de montagne, qui ne représente que le premier tiers de notre trajet du jour. Sur la route, les enfants se sont endormis. Je profite d’une pause escorte pour les coucher correctement dans le lit. Ils dorment à poings fermés. Nous allons pouvoir continuer. Nous arrivons à Sibi, et une nouvelle escorte nous attend. Mais avant de repartir, nous mangeons un peu, ce qui nous fait du bien.

Cette fois la route est bien meilleure, sans nid de poule du moins ! Cependant, elle est toujours ponctuée des changements d’équipe, des photos des papiers et des selfies, ainsi que des sautes d’humeur du moteur qui continuent, Yannick finit par perdre patience. Je l’aide à se calmer, mais la fatigue aidant, nous commençons à saturer. Les escortes roulent lentement, 40 km/h maxi alors que nous sommes enfin en ligne droite sur une voie rapide.

Puis vers 3h de matin, Yannick me propose de passer devant pour leur dire qu’on veut rouler plus vite. Ils nous font signe de les dépasser. Nous ne nous faisons pas prier, nous passons enfin à la vitesse supérieure, laissant notre escorte derrière nous. Elle nous abandonnera rapidement…

Les changements d’équipe se faisant de façon plus fluide, ils démarrent en nous voyant arriver, nous continuons de rouler vite pour les équipes suivantes… chacune leur tour, les équipes ne nous suivent finalement pas.

C’est à 5h du matin, épuisés, que nous entrons dans la ville de Sukkur. Nous avons envie de nous poser dans un hôtel, mais ici, ils sont tous fermés la nuit. Nous nous stationnons donc pour la nuit près d’un chantier.

Après 14h de route pour ne faire que 400 km, nous nous endormons, épuisés, mais libres de pouvoir profiter pleinement du Pakistan!