Nous quittons la mer Noire pour nous diriger vers Ankara. La route est un peu longue, alors nous nous arrêtons sur un petit spot au bord d’un lac pour y passer la nuit.
Le lendemain, après une matinée de travail, nous prenons la route pour rejoindre la capitale turque. Si nous allons là-bas, c’est pour deux belles raisons. La première est que nous allons y retrouver notre famille de cœur que nous avions rencontrée en juillet 2021. Et puis, nous allons également revoir des amis rencontrés sur les bords d’une rivière en juillet 2022.
Nous arrivons chez notre famille de cœur en fin d’après-midi. Yavuz, Sibel, Efe et Hira nous ont tellement manqués !!! Pendant toute la soirée, nous discutons et partageons nos aventures et les événements qui ont marqué nos vies. Nous veillons jusque tard. Nous avons l’impression de nous être quittés hier !
Le lendemain matin, Yavuz part travailler, Hira et Efe font leurs études à la maison et Sibel nous prépare un kavhalti, le petit-déjeuner turc. Cela faisait tellement longtemps !!! Après manger, nous partons nous promener avec Sibel dans le quartier. Tout près de leur immeuble, il y a un parc avec un petit aquarium. Les enfants sont mitigés… À la fois, ils trouvent chouette de pouvoir observer les poissons, mais en même temps, ils sont tristes de les voir dans de si petits espaces ….
Ensuite, nous allons visiter le centre culturel turc d’Estergon. Il abrite un musée d’ethnographie qui présente des artefacts et des expositions illustrant la riche histoire et les traditions du peuple turc.
Après cette visite, nous rentrons à l’appartement et profitons du calme de l’après-midi. Petit goûter avec un carrot cake, du çay, et de longues discussions. Yavuz rentre du travail vers 17h, et c’est déjà l’heure du dîner. Eh oui, en Turquie, une grande majorité des familles ne font que deux repas. Le khavalti vers 11h00 et le dîner vers 17h00. Nous passons ensuite la soirée à discuter, et Liam montre à nos hôtes toutes les pièces qu’il a pu amasser pendant nos trois années en Asie. Et il en a des pièces !!!
Nous passons le reste du week-end au calme dans la maison. Nous discutons de longues heures. Samedi soir, c’est match de foot. La Turquie joue contre le Pays de Galles. Les drapeaux sont sortis et l’hymne turc retenti dans le salon. 0-0. On sent la déception chez nos hôtes…
























Lundi, nous quittons notre famille pour se retrouver une nuit tous les 5. Nous nous reverrons, c’est sûr. Nous allons alors sur le parking près de l’opéra. C’est plutôt calme et surtout il y a un grand parc dans lequel les enfants (enfin surtout Liam) peuvent aller se défouler.
Et mardi après-midi, nous retrouvons nos amis Nuray, Koray dans leur appartement. Pour le dîner, Aykut et Selma se sont joints à nous. Un vrai plaisir de tous les retrouver et de passer du temps et d’échanger avec eux ! Nous enchaînons alors les longues discussions, les çay et les parties de okey.
Mercredi, nous changeons de maison pour la nuit. Et nous nous rendons chez Selma, Aykut et Ayten (la sœur d’Aykut) avec Nuray et Koray. Nous passons une superbe soirée tous ensemble. Nous dormons dans l’appartement d’Ayten. Comme si c’était chez nous. Jeudi matin , nous partageons le kavahlti avec Selma et Aykut et discutons longuement jusque dans le milieu d’après-midi. Nous quittons alors nos hôtes pour retrouver Nuray et Koray chez eux pour une dernière soirée partagée.













Vendredi, nous quittons nos amis dans l’après-midi et roulons jusqu’à Konya où nous passons la nuit. Nous décidons de ne pas traîner, car la météo s’annonce mauvaise. Ils annoncent des températures de -13°C et de probables chutes de neige !
Le lendemain matin, nous quittons Konya pour rejoindre Manavgat. Nous roulons alors jusqu’à Sedişehir où nous nous arrêtons pour déjeuner. Et le reste de la route ne se passe pas comme prévu… Il pleut, la route est humide et glissante et je perds le contrôle d’Ookami. C’est l’accident. On se renverse et on glisse sur plusieurs mètres. Je n’ai plus vraiment de souvenirs de ce qui se passe jusqu’à ce que le véhicule s’arrête. Nous sommes sur le côté. Yannick, Liam et moi sommes toujours attachés avec nos ceintures. Les filles sont derrière. Tout a volé et je les entends crier. Yannick les voient et me rassurent. Elles vont bien.
Je commence par me détacher, puis, une fois debout, je détache Liam. Des inconnus se sont arrêtés. Ils nous aident à sortir d’Ookami. Je sors par le pare-brise. J’aide Liam à sortir. Puis Yannick réussit à se détacher. Il récupère Maïa d’abord que j’attrape, et ensuite Luna qui me rejoint. Yannick sort à son tour. Nous sommes tous les cinq en vie, c’est l’essentiel. Il pleut, il fait froid et les enfants n’ont pas leurs chaussures. On se réfugie alors dans une voiture en attendant les secours. On a eu tellement peur. Les enfants sont terrifiés. On pleure, on tremble. Maïa est blessée au niveau de la bouche. Elle ne saigne pas, mais c’est très gonflé. Pendant que je suis à l’abri, Yannick s’occupe d’éteindre la bouteille de gaz.
Une ambulance arrive et nous prend en charge tout de suite. Je monte alors à l’intérieur du véhicule avec Maïa. L’ambulancier prend sa tension, puis vérifie qu’elle n’a pas d’autres blessures. Il n’a pas l’air inquiet. Il installe Maïa sur un brancard. Elle n’est pas du tout rassurée, mais je suis là, je ne la quitte pas, et surtout je ne la lâche pas.
La Jandarma arrive. Je ne sais pas ce qui se passe à l’extérieur. Yannick est avec eux et avec Luna et Liam. Un gendarme vient me voir et me faire faire un test d’alcoolémie. 0°. Eh oui, pour moi qui ne boit pas d’alcool, c’est logique. Mais, les enfants ne comprennent pas. Alors, je leur explique cette règle.
Je pars ensuite avec Maïa dans l’ambulance jusqu’à l’hôpital le plus proche à Akseki à 20 minutes. Luna, Liam et Yannick montent quant à eux dans la voiture des gendarmes et nous rejoignent.
À l’hôpital, deux infirmières s’occupent de Maïa. Elles sont adorables et bienveillantes. L’une d’elle prend à nouveau sa tension, sa température et elle lui fait une prise de sang. Une horreur pour Maïa. Yannick, Luna et Liam nous rejoignent. Ils vont bien. Yannick s’occupe des déclarations avec les gendarmes. Maïa est ensuite emmenée dans la salle de radiographie. Tout va bien. Ce n’est qu’un hématome. Nous devons rester quand même 6h en observation. Nous sommes installée dans une chambre ce qui nous permet de nous reposer. Pendant cette pause, ma cuisse devient douloureuse. Vraiment douloureuse. Alors, je vais voir l’infirmière qui me fait faire aussi une radiographie. C’est un hématome pour moi aussi. Elle me prend ma tension, la températures et vérifie que je n’ai pas d’autres blessures. Tout va bien.
Je reste dans la chambre avec les enfants pendant que Yannick continue de s’occuper des papiers et des déclarations. Au même moment, Ookami est remorqué jusqu’à Akseki. Il leur faut deux véhicules pour emmener le van et les tentes de toit.
Avec l’aide des gendarmes, Yannick réserve une (enfin deux) chambre d’hôtel qui nous coûte un bras. Après le temps d’observation, les gendarmes nous y emmènent. Yannick négocie une réduction, car le petit-déjeuner n’est pas compris. Le propriétaire accepte de faire un geste (sûrement au vu des circonstance). Dans notre chambre, nous discutons de ce qui s’est passé. Les enfants parlent de leurs vécus, de leurs impressions ainsi que de leurs émotions. La femme qui est de garde nous apporte du çay, des petits gâteaux et des clémentines. Elle est vraiment gentille.
Dans la soirée Yannick envoie un message à notre ami Selehatin qui est carrossier à Antalya. Il s’occupe d’arranger le remorquage d’Ookami jusqu’à son garage le lendemain. Et puis, on réserve un Airbnb pour une semaine ce qui va nous laisser un peu de temps pour réfléchir à la suite. Yannick et moi passons une vraie mauvaise nuit. Nous ressassons ce qui s’est passé ainsi que ce que j’aurai pu éviter. Et nous nous imaginons aussi ce qui aurait pu se passer si notre bonne étoile n’avait pas été présente…
Le lendemain matin, Yannick retourne à la gendarmerie pour récupérer les papiers et permettre le rapatriement d’Ookami à Antalya. Par ailleurs, nos amis Manon et Quentin, les 24 Pattes, ont fait le chemin jusqu’à nous pour nous aider à rejoindre Antalya. Mille mercis les amis ! Nous nous rendons ensuite directement au garage où nous retrouvons notre ami Selehatin. Nous attendons Ookami.
Après une petite dizaine de minutes, on le voit arriver. Il est vraiment en piteux état. Notre ami nous dit qu’il peut le réparer. Il en aurait pour environ 1 mois et cela nous coûterait plus de 7000€. Nous ne réfléchissons pas très longtemps. Enfin, on a déjà réfléchit et on a déjà pris une décision. La facture est bien trop élevée, on préfère investir notre argent et notre énergie dans l’avenir. Alors, nous renonçons, le cœur lourd. On récupère quelques affaires pour la première nuit. Les enfants ont décidé de nous aider et ils nous épatent. Comme s’ils avaient déjà fait le deuil d’Ookami. Ils sont plein d’entrain, bien décidés à récupérer l’essentiel et à avancer.













Nos amis nous accompagnent ensuite à l’appartement. Nous en profitons pour discuter un peu avant de les voir repartir. Puis, on se retrouve tous les cinq. Cela nous fait du bien. Les enfants ont déjà investi leur chambre et les Lego (qui font partie des essentiels) sont déjà de sortie. Yannick et moi nous faisons chauffer un çay et on se pose dans le canapé. On s’arrête quelques minutes et cela fait du bien. Cette pause dans l’appartement va nous permettre de nous rétablir ainsi que d’envisager l’avenir. On parle beaucoup, on se libère de nos peurs, de tout ce qui s’est passé, on fait le deuil d’Ookami. On aura vécu de merveilleuses aventures avec lui. Vraiment. Et puis, on se nourrit d’un nouveau projet. On a besoin d’aller de l’avant !
Yannick et moi passons les deux après-midi suivantes à vider Ookami de nos affaires personnelles. Les enfants quant à eux restent à l’appartement. Ils ont quartier libre : Lego, jeux vidéo… On lâche-prise pour quelques jours !
Des amis nous conseillent d’ouvrir une cagnotte Leetchi pour nous aider à avancer. Ce n’est pas quelque chose qu’on se voyait faire, mais pourquoi pas. Si tu as envie de nous soutenir, la cagnotte est ici : LEETCHI. Et puis, on accueille la générosité des personnes qui nous entourent, de toute notre communauté. Et surtout, on reçoit énormément de messages de soutien. C’est tellement précieux pour nous. Nous négocions également avec l’assurance pour une prise en charge des frais de remorquage d’hôtel et de rapatriement. Nous sommes vraiment bien écoutés et compris. Il n’y a pas de soucis. Nous sommes tellement soulagés.
Mercredi, Yannick part dédouaner Ookami. C’est plus compliqué que prévu, mais Yannick réussi quand même à avoir un papier des douanes. Ookami va rester sous le soleil turc.
Ensuite, nous passons les journées de jeudi et de vendredi à nous reposer et à travailler. Ces deux jours dans l’appartement à ne rien faire sous pression, nous fait du bien. Vendredi en fin de journée, notre ami Cyrus nous rejoint. Il voulait s’assurer que nous allons bien tous les cinq. Physiquement et psychologiquement. On passe alors du temps à discuter de tout et de rien. Surtout de tout !!!
Samedi après-midi, nos amis Arnaud et Yohann arrivent en minibus depuis la France. Ils ont fait le trajet en 3 jours pour nous aider à remonter nos affaires. Ils rejoignent alors Yannick au garage et en moins d’une heure, toutes nos affaires sont dans le véhicule, prêts à partir. Les garçons viennent ensuite nous retrouver à l’appartement. Nous sortons boire un verre, manger dans un petit restaurant. Cette parenthèse nous fait du bien.
Dimanche matin, je (Sylviana) pars avec les enfants par avion pour rentrer en France. L’assurance prend en charge notre rapatriement. Nous prenons un taxi pour aller jusqu’à l’aéroport d’Antalya. Puis, l’avion nous emmène jusqu’à Istanbul pour nous faisons une escale d’une heure. Juste le temps de manger une pizza. Puis, c’est parti. Direction Paris Charles de Gaulle. Nous mettons environ deux heures pour rejoindre notre capitale. Cela me fait tout bizarre d’entendre toutes ces personnes parler dans une langue que je comprends. J’ai alors vraiment la sensation de ne pas être à ma place. Arrivés à Paris, notre chauffeur de taxi nous attend. Il nous permet ainsi de rejoindre le Domaine le Colombier où nous allons rester quelques mois. Nous avons retrouvé Mélanie, Liou et Alix. Cela fait du bien d’être ici et de pouvoir lâcher prise…
De leur côté, les garçons reprennent la route tous les trois… Yannick, Arnaud et Yohann traversent ainsi la Turquie, la Bulgarie, la Serbie, la Croatie, la Slovénie, l’Autriche et l’Allemagne. Ils arrivent dans la nuit de lundi à mardi à 2h30… Plus de 3300km en 2 jours. Ils sont fous, mais ils sont là.

















Maintenant, nous allons nous arrêter ici quelques temps. Nous allons donc nous concentrer pleinement sur le travail et trouver l’argent nécessaire pour nous acheter notre nouvelle maison. Ce qui est sûr, c’est que notre aventure ne s’arrête pas là !!!