C’est pour écouter les belles légendes de l’est de la Turquie que nous quittons la cité médiévale arménienne d’Ani.

Après rejoindre le Mont Ararat. Enfin, plutôt les Monts Ararat, car il y a le Grand Mont qui culmine à 5165m d’altitude, et le Petit Mont à 3896m. Ce mont est juste mythique et se retrouver au pied de celui-ci est magique !

Le Mont Ararat est évoqué dans la Bible lors du passage sur l’Arche de Noé. Selon la légende, Noé a construit ce navire sur l’ordre de Dieu afin de sauver du Déluge à venir sa famille ainsi qu’un couple de chaque espèce animale. Dès que la construction est terminée, la pluie tomba de façon discontinue pendant quarante jours et quarante nuits, jusqu’à couvrir les plus hautes montagnes. Après 220 jours de navigation, l’Arche s’échoua sur les hauteurs du Mont Ararat. Noé, sa famille, et les animaux durent attendre encore quarante jours avant que les eaux ne disparaissent totalement.

De nombreux chercheurs, explorateurs et scientifiques sont partis sur le sommet du Mont Ararat, à la recherche des traces de l’Arche de Noé. Certains affirment avoir retrouvé des restes en bois qui appartiendraient à la structure et dateraient de 4800 ans…

Bien qu’il soit situé en Turquie, le Mont Ararat est un symbole fort de l’Arménie, symbole de liberté et d’indépendance, symbole de la vie gagnant sur la mort. Il est même représenté sur les armoiries du pays. Autrefois, le Mont se trouvait dans la Grande Arménie et, au fil des événements de l’Histoire, les restructurations géographiques ont fait qu’aujourd’hui nous pouvons l’approcher en Turquie.

Ainsi, le Mont Ararat a veillé sur nous pendant 2 jours. Le temps pour notre meute de se plonger dans la légende de l’Arche de Noé.

Après cette pause hors du temps nous reprenons la route. Mais Ookami nous fait des trucs un peu bizarre : quand j’appuie sur la pédale d’accélérateur, à partir de la troisième, lui n’accélère pas … Nous faisons donc une pause dans le Sanayi d’Iğdir. En fait, il s’agit d’un petit souci de turbo en raison des grosses chaleurs. Rien de grave selon le garagiste qui farfouille pendant 2h pour faire quelques réparations. Il est déjà 12h30 et nous avons faim ! Nous partons donc dans la ville d’Iğdir pour manger et en profitons pour acheter un forfait internet.

Nous reprenons ensuite la route mais au bout de quelques kilomètres nous faisons demi-tour. Direction le Sanayi car nous avons toujours le même problème. Les gars bidouillent à nouveau dans le moteur pendant de nombreuses heures et font de nombreux essais. Ils nous disent ne pas pouvoir faire plus que ce qu’ils ont déjà fait, mais que nous pouvons repartir sereinement car il ne trouve rien de grave. Nous partons donc en fin de journée épuisés par l’attente et la chaleur. Et bonne nouvelle, Ookami va mieux !

Nous dormons à quelques kilomètres de Doğubeyazıt. Le lieu n’est pas très sexy, au bord d’une piste et à côté d’un bâtiment abandonné, mais il très calme pour la nuit. Au réveil, de gros camions commencent à circuler sur la petite piste, nous saluant à grands coups de klaxon. L’un d’eux s’est même arrêté pour nous offrir son petit-déjeuner.

Ensuite, nous allons visiter le très beau palais d’Ishak Pacha qui date du XVIIe siècle. Il se situe à quelques kilomètres de la frontière iranienne, sur la route de la Soie. Nous avons pu découvrir la jolie mosquée, les parties d’habitation avec la cuisine, le hammam, le harem. Dans la cour, se trouve une fontaine à laquelle les habitants pouvaient faire le plein d’eau et de… lait! Ce palais possédait au total 366 pièces dont 24 étaient réservées au harem.

Nous décidons après faire une pause fraîcheur, pour le déjeuner et l’après-midi, à la cascade de Muradiye. Une très belle chute d’eau qui s’élève à 50m de hauteur. Cette pause nous fait du bien avec les 35°C qu’il fait depuis quelques jours.

Nous reprenons la route en milieu d’après-midi pour découvrir le lac Van. Pendant deux nuits, nous voici posés lac Van, le plus grand lac de Turquie avec ses 120km de long et ses 80km de large.

Vous savez à quel point j’aime les légendes. Je vais donc vous raconter celle de ce lac, enfin de l’île d’Akdamar qui se situe au centre du lac Van.

C’est l’histoire d’une jeune fille nommée Tamara ayant une beauté exceptionnelle et résidant sur cette île. Un jeune berger qui fréquentait les rives du lac de Van tomba amoureux d’elle. Chaque soir, le jeune berger nageait jusqu’à l’île pour retrouver Tamara. Afin de repérer l’île dans la nuit, elle allumait la lanterne pour lui indiquer où elle était, veillant à changer de lieu chaque soir.

Un jour de grande tempête, le père de Tamara découvrant ces visites nocturnes, prit une lanterne et courut dans tous les coins de l’île, faisant des signaux disparates afin de décourager le jeune homme. Mais celui-ci épuisé se noya et ses derniers mots furent « Ah ! Tamara ». La jeune fille, de chagrin, se jeta dans le lac et se noya à son tour pour rejoindre son aimé à jamais. Les derniers mots du jeune homme, « Ah ! Tamara », furent transmis de génération en génération, donnant enfin au lieu le nom d’« Akdamar ».

Nous en avons profité pour nous baigner, mais nous avons eu l’étrange surprise de plonger dans une eau “grasse”. Nous avions la sensation d’avoir une pellicule sur notre peau, sensation pas du tout agréable ! Du coup, nous ne sommes pas restés très longtemps dans l’eau. Nous décidons tout de même de faire une pause de deux jours pour profiter de la bonne connexion et travailler sur nos projets professionnels.

Après cette pause, nous allons découvrir le cimetière d’Ahlat, l’un des plus grands cimetières du monde islamique avec ses 8169 pierres tombales sculptées qui datent pour les plus anciennes de 900 ans.

En fin d’après-midi, nous repartons sur les bords du lac Van où nous retrouvons Nicolas, Marion, Liana et Ophélie, une famille partie pour 6 mois de voyage. Nous passons une très agréable fin de journée à échanger sur nos aventures.

Le lendemain, nous partons, avec Nicolas, Marion et leurs filles, dans le cratère Nemrut. Après une longue prospection des lieux, nous décidons de nous arrêter au bord du petit lac du cratère. Les enfants passent la journée à jouer, et les adultes font plus amples connaissances. Nous ne sommes pas ici par hasard… Il paraît qu’il y a des ours !

À la tombée de la nuit, nous entendons du bruit. Les garçons prennent leur lampe frontale et là nous voyons deux paires d’yeux brillants. Ils sont deux et tout proche de nous ! Nos louveteaux sont remplis de joie en les apercevant, et nous aussi !!! Nous allons tous nous coucher et, vers minuit, nous les entendons à nouveau. Trois campeurs se sont installés à côté de nous et les ours sont très intéressés par leurs sacs de provisions !

Le lendemain, Nicolas et Marion reprennent la route. Quant à nous, nous décidons de rester une journée de plus. Nous n’avons pas de réseau, donc on en profite pour lire, faire l’école et se balader pour découvrir les petits coins de forêt et le grand lac du cratère.

À 20h, la température descendant rapidement, nous montons dans les tentes et trente minutes après, on entend du bruit dehors. Les deux ours sont revenus. Depuis nos tentes, nous pouvons les observer en toute discrétion. On les entend même “discuter” entre eux ! Ils finissent par repartir et nous par nous endormir.

 Soudain, en plein milieu de la nuit, nous entendons un bruit qui nous réveille en sursaut : un des ours est en train de déchirer la housse des vélos ! Yannick ouvre la porte de la tente et les fait fuir avec la lumière de la frontale. Nous avons une pensée pour les campeurs de la veille et imaginons la panique si les ours avaient déchiré leurs toiles de tentes. Nous réussissons à finir la nuit au calme !

Cette rencontre fut une merveilleuse expérience pour notre meute !!!