Soirée pyjama à la médiathèque

14. janvier 2017 Informel 0

Le samedi 14 janvier, le ministère de la Culture et de la Communication a organisé la “Nuit de la Lecture”.

Les bibliothèques et librairies étaient invitées à ouvrir leurs portes au public sur des horaires plus étendus pour découvrir ou redécouvrir leurs trésors.

La médiathèque de Nantes nous a proposé une “Soirée pyjama” pour les enfants de 4 à 6 ans. Les enfants sont donc venus en pyjama et avec leurs doudous pour écouter de belles histoires.

Je voulais vous partager quelques livres que j’ai beaucoup aimé et que les enfants ont également retenu !

“Au pied du Kilimandjaro, en Afrique, vit un jeune esclave qui n’a pas de nom. Personne ne lui en a jamais donné. S’échappant de son village, il embarquera comme marin sur un navire, traversera les mers jusqu’au Japon, où il accomplira un destin d’exception.” 

Frédéric Marais raconte, avec une grande force littéraire et graphique, l’histoire vraie de Yasuke, unique samouraï à la peau noire. Du Kilimandjaro au Mont Fudji, ce jeune africain devint, au 16ème siècle, un héros. Les phrases courtes et rythmées, presque mélodiques, apportent une grande force à ce récit au style simple et dépouillé, à la portée des jeunes lecteurs. Alliant au noir et blanc un bleu turquoise intense et un brun profond, Frédéric Marais nous livre un récit initiatique qui prend sa source dans l’Histoire.

 

” Un petit oiseau doré s’ennuie un tantinet sur sa branche. Il voit passer des couleurs, très vite, très fort. Il décide de leur « voler » immédiatement après. Ailes bruissantes et frémissantes, il n’omet cependant pas de demander son chemin au cerf, à la baleine, au zèbre… Tous les animaux se montrent prévenants et le guident. Il vole, il vole, et finit, hum, par revenir chez lui ! L’y attend un (ou une) nouveau (nouvelle) ami(e), au plumage tout en couleurs… “

Le message est simple, toujours percutant pour les petits : voyager forme bien sûr l’esprit et le cœur, mais c’est parfois aussi chez soi (en soi?) qu’on trouve simplement la réponse à ses questions ou ses désirs. Ecrit avec une petite poésie musicale et émouvante car sincère, rendu dans une typographie séduisante, le texte (page du haut, il faut retourner l’album pour le lire) s’accompagne surtout de très jolies illustrations. Presque une gageure technique, ce sont des linogravures volontairement rondes et souriantes, des animaux bonhommes aux couleurs à chaque fois différentes – petit rappel de l’oiseau de la fin –. L’ensemble se lit comme un bonheur, à la fois déjà connu et pleinement rafraîchissant.

 

Lui a une belle maison sur la page de gauche. Elle aussi mais sur la page de droite. Il est très amoureux d’elle et elle, elle est très amoureuse de lui. Mais à les voir ainsi, n’y a-t-il pas un problème ? Un gros problème ? Un très gros gros problème ? Entre elle et lui, il y a un fossé, infranchissable et insurmontable : la reliure ! Elle les sépare à jamais. Pourtant, ils n’ont pas l’air de trouver ça très grave. Ils vivent très bien ainsi. Ils vaquent à leurs occupations sans difficultés. Mais quand même, il faut passer du temps ensemble, s’enlacer, s’embrasser… Alors comment font-ils pour se retrouver et être si heureux ?

Quand deux amoureux s’aiment, rien ne peut les empêcher de se retrouver. Dans cet album, ils sont chacun sur une page différente et ne peuvent se rencontrer. Sauf que… même si le lecteur ne les voit plus, c’est bien grâce à lui qu’ils peuvent se réunir !

En forêt, par une nuit de pleine lune, les animaux sont inquiets. Comme dans un conte de randonnée, apparaissent le loup, le renard, le hibou, les cerfs, la chauve-souris, le sanglier, les lapins jusqu’aux ours du dernier acte.

L’inquiétude est palpable, le récit est construit en phrases courtes, interrogatives, rythmées mais surtout la tension est portée par le jeu du noir et blanc, soutenue par le travail d’orfèvre du découpage en ombres chinoises d’Antoine Guillopé qui dessine la forêt et ses ramages, les ombres des animaux que l’on peut voir, noires sur fond blanc, inquiétantes ou par jeu d’inversion, blanches sur fond noir. Le récit est magnifié par cette technique d’animation qui a ici tout son sens. Un album très fort dans sa simplicité.

En 1832 (c’est précis), Charles le dragonnet atterrit sur une terre désolée. Avec son livre, ses copines les coccinelles, et toute la poésie qui fume dans sa tête. Le pays a été ravagé par un autre dragon, la terrible Cornélia, que Charles ne va d’ailleurs pas tarder à rencontrer. Contre toute attente, Cornélia apprécie ce petit maigrichon, et accepte de l’aider à trouver une princesse dont il pourra tomber amoureux. Mais au château en ruines, point de princesse. Seul un cochon dodu et un roi barbu menacent de s’échapper. Charles ne sait plus trop quoi faire, lorsque Cornélia (devenue toute rose et brillante suite à une averse qui l’a lavée de sa boue) suggère habilement qu’une princesse pourrait peut-être avoir des cornes et souffler du feu. Si bien qu’au moment où la vraie princesse sort du puits où elle s’était cachée, Charles ne la regarde même plus !

L’album démarre comme une légende, ou même comme un roman fantastique. Mais ce n’est que le prologue. Dès que Charles pointe son drôle de museau, auréolé de ses coccinelles, le lecteur sait que l’histoire va partir en vrille, et nous faire rire. Elle n’en est pas moins excellente, instructive et tendre.
L’essentiel est invisible pour les yeux, c’est le cas de le dire… Aveuglé (ou pas) par des préjugés sur la beauté des princesses, Charles est d’abord incapable de voir l’amour se profiler sous son nez. L’apparence physique qu’il faut savoir dépasser est décidément un thème porteur chez Charles…

Heureusement pour notre héros, Cornélia est un spécimen coriace et entreprenant, qui n’hésitera pas à faire son bonheur. Quel joli couple ! Le lecteur se prend à rêver d’un tome futur rempli de petits dragonnets… Indispensable à toute bonne collection sur les dragons qui se respecte.

Pas sûr que cet oiseau donne sommeil, mais il est évident qu’il enchantera ! Isabelle Simler s’adresse directement à son lecteur, lui proposant un voyage à dos de plumes qui pourrait nous emmener au bout du monde, mais ne dépassera pas l’endormissement promis. Il s’agit d’abord de bien se préparer, comme pour un vol en avion : pyjama, lunettes, doudou chat noir, casque, etc. On cherchera alors l’oiseau rare, justement, en pistant ses plumes et ses œufs. Une fois trouvé, on s’accrochera délicatement à son dos : c’est là que le dessin travaillé ligne par ligne de l’illustratrice trouve son envergure, et n’importe quel lecteur aurait envie de se plonger dans ce ramage blanc et moelleux. Une couette vivante… Alors qu’on attendait la suite, ayant presque oublié cette histoire de sommeil, Isabelle Simler nous abandonne avec malice : un petit rire et puis dodo ? Essayez, mais un enfant normalement constitué devrait plutôt vous demander de raconter l’histoire une seconde fois !

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