Nous avons donc quitté Chiang Rai pour découvrir le nord de la région et les routes du Triangle d’or. Nous faisons un première pause à quelques kilomètres de la ville, car il est déjà tard. C’est près d’un temple qui a l’air abandonné que nous nous arrêtons. Même s’il est au bord de la route, il y a très peu de passage. Je crois que nous allons passer une bonne nuit.
Mais, vers 21h00, nous entendons frapper au camion. Évidemment, nous sommes déjà couchés, pas encore endormis, mais couchés en train de lire et travailler. C’est la police qui est là. Yannick sort alors pour discuter avec eux. En fait, il y a une femme qui vit ici et elle n’était pas rassurée de nous savoir passer la nuit ici, dans le noir. Elle a donc appelé la police pour qu’ils viennent nous sécuriser. Yannick leur explique que tout est ok pour nous, que nous avons l’habitude de dormir dans la nature et dans le noir.
Après quelques minutes d’échanges, la police nous dit que nous pouvons rester ici sans aucun problème. Mais, Yannick sent bien que la femme a toujours peur pour nous. Alors, il l’a rassure, lui disant que tout allait bien se passer pour nous. Pour se rassurer elle-même, elle nous allume un petit lampadaire qui se trouve juste à côté de nous. Pas de souci, si cela peut lui permettre de passer une bonne nuit.
En tout cas, pour nous la nuit a été très bonne ! Nous sommes prêts à partir pour nous rendre au Triangle d’or.
Le Triangle d’or, c’est cette région où se rencontrent les frontières de la Thaïlande, du Laos et du Myanmar, spécifiquement au point de convergence sur le fleuve Mékong.
Cette zone porte les cicatrices d’une histoire marquée par la drogue, principalement l’opium. Au milieu du XXe siècle, elle est devenue un des principaux foyers de production et de commerce de l’opium à l’échelle mondiale. À cette époque, les trafiquants échangeaient leur récolte d’opium contre de l’or, d’où l’appellation « Triangle d’or ».
L’opium extrait était transformé en héroïne puis exporté vers l’Europe et les États-Unis. À son apogée, la production d’opium du Triangle d’or assurait près de 70% de l’approvisionnement mondial en héroïne.
Cependant, au fil des années, les gouvernements locaux et internationaux ont conjugué leurs efforts pour remédier à ce fléau. Des projets de développement alternatif ont été instaurés dans le but d’encourager les agriculteurs à se détourner de la culture de l’opium et à opter pour des cultures plus viables telles que le café, le thé et le riz.
Ces initiatives visent à briser le lien entre la région et le trafic d’opium, en proposant des alternatives économiques plus durables et éthiques. Ainsi, l’objectif est de réduire la dépendance de la population locale à la culture de l’opium tout en préservant la biodiversité de cette région historiquement riche.
Nous arrivons donc à Sop Ruak, le coeur du triangle où la rivière Ruak et le fleuve Mékong se rejoignent, marquant ainsi les frontière entre la Thaïlande, le Laos et le Myanmar.
Après notre pause déjeuner, nous reprenons la route. Nous avons très envie de longer la frontière avec le Myanmar, pays que malheureusement nous ne pourrons pas découvrir pendant notre vadrouille en Asie du sud-est. La route jusqu’à Tachileik se fait très facilement. Mais après la ville, les choses se corsent …
Eh oui, il ne faut pas oublier que nous sommes dans les montagnes. Alors, je ne vais pas parler des multiples virages que nous avons parcourus, mais plutôt des côtes. Car oui, cette région du Triangle d’or grimpe. Beaucoup. Vraiment beaucoup !
Nous passons le poste militaire de Dan Pa Sak. Le militaire nous demande où nous souhaitons aller. Nous lui indiquons le point de Doi Chang Mub. Et il nous laisse passer. Quelques kilomètres plus loin, après le village de Pha Mi, nous arrivons à un deuxième check point et on nous laisse passer également. Oui, mais voilà, alors que les humains veulent bien nous permettre de découvrir cette région, la route en a décidé autrement !
La route monte, monte. Ookami s’essoufle, s’essoufle. Et dans une côte, plus rien. Ookami ne veut plus avancer ! Je vous avoue que je panique un peu. Nous sommes donc dans une montée, après et avant un virage, sans visibilité… Yannick sort alors pour sécuriser au mieux la route. Je dois rebrousser chemin, en marche arrière. Je ne suis vraiment pas rassurée … Et puis, en bas de la côte, il y a un tout petit espace, mais suffisamment grand pour que je puis faire demi-tour !!! Je suis soulagée, mais je tremble de partout. Je respire profondément. Tout va bien.
Nous reprenons alors la route et nous nous arrêtons au check point de Dan Pa Sak. Il y a un petit café. C’est parfait pour récupérer de cette aventure. Boire un capuccino juste au pied du Myanmar, c’est magique !
Après cette pause, nous repartons au sud de Tachilek. Nous arrivons près d’un temple et Yannick va demander à un moine si nous pouvons dormir près du temple. La réponse est positive et avec un grand sourire. Nous profitons d’être ici pour visiter ce temple et ses alentours. Il se situe près du réservoir Tham Sao Hin et regorge de poissons-chats plus énormes les uns que les autres. Nous traversons le pont et crapahutons pour découvrir une grotte. Les garçons partent pour l’explorer, mais ils reviennent car il n’y a pas du tout d’éclairage et les escaliers ne sont pas sécurisés.
Le lendemain, nous reprenons la route avec l’envie d’aller visiter une plantation de thé, sous le soleil. Car nous étions allés à la plantation Boh dans les Cameron Highlands en Malaisie, mais le froid et la pluie étaient de la partie. Ici, le soleil est au rendez-vous. Alors, nous avons envie d’en profiter. Nous partons donc pour la Plantation 101 à Doi Mae Salong.
Oui, mais. Car évidemment, il y a encore un mais ! Nous sommes toujours dans les montagnes, et la route grimpe toujours autant. Ah oui, parce que je ne vous ai pas dit mais « doi » signifie « montagne » en thaï.
Après une dizaine de kilomètres, Ookami chauffe. Il n’en peu plus ! Avant de nous retrouver dans la même situation que la veille, nous décidons de faire demi-tour dans un endroit sécurisé. Nous profitons quand même d’être ici pour faire de jolies photos et vidéos avec le drone, car la vue est splendide !
Alors, nous repartons pour retourner sur le spot qui nous avait accueilli juste avant d’aller à Chiang Rai. Nous restons là-bas pour la nuit et la journée du lendemain.
Après cette pause, nous décidons de reprendre la route pour aller visiter une plantation de café. Jamais deux sans trois ! Cette fois, on y croit !
Nous nous rendons à la plantation de café Doi Chaang Coffee, dont la renommée s’étend à l’échelle mondiale. C’est une région qui a jadis été associée à la culture de l’opium (eh oui, nous sommes toujours dans le Triangle d’or). Cependant, grâce à un projet lancé par le roi Rama IX visant à améliorer les moyens de subsistance des habitants tout en réduisant la culture illicite de drogues, les fermiers ont été encouragés à abandonner la culture de l’opium au profit de plantes plus bénéfiques.
Des plants de café Arabica ont été proposés comme l’une de ces alternatives, et les agriculteurs ont décidé de les privilégier. Aujourd’hui, le café Doi Chaang est reconnu comme l’un des meilleurs au monde, symbole d’un succès retentissant dans la transition de la région d’une économie basée sur l’opium à une culture plus durable et respectueuse de l’environnement. Ce changement a permis non seulement de redorer l’image de la région, mais aussi d’offrir aux agriculteurs des opportunités économiques viables tout en contribuant à la préservation de la biodiversité locale. Une transformation positive qui montre comment des initiatives ciblées peuvent influencer positivement la vie des communautés.
Et vous savez quoi ? On a réussi !!! Nous sommes arrivés à la Plantation Doi Chaang. On est trop contents !!! Bon, pas de chance, nous sommes samedi et l’usine est fermée à la visite. Tant pis, nous nous arrêtons quand même dans le café pour une dégustation. Yannick, qui adore vraiment le café s’offre même un café à la V60. Un bonheur qu’il prend le temps de savourer !
En redescendant de Doi Chaang, nous admirons les magnifiques points de vue. Yannick sort le drone pour capturer ces images. Et, en bas de la montagne, juste au-dessus du réservoir de Huai San, nous nous arrêtons pour boire un café, enfin un latte, chez Cheng qui est l’heureux propriétaire d’un mini van café. Nous prenons le temps d’échanger avec lui. C’est vraiment un chouette moment de partage.
Après cette jolie pause, nous repartons pour nous rapprocher de Chiang Mai. Et c’est aux sources chaudes de Doi Saket que nous nous arrêtons. Nous restons ici la journée de dimanche pour profiter de la piscine. Et Yannick et moi en profitons pour nous offrir un massage thaï. Le premier depuis que nous sommes en Thaïlande, il était temps ! Bon, un massage thaï est loin d’être un massage relaxant et tout doux. Non, c’est plutôt énergique !
Le massage thaïlandais se distingue comme une expérience holistique basée sur une perspective énergétique de la santé, s’inspirant du yoga et de la méditation. Trois éléments clés définissent cette pratique :
- Exercices d’étirement dynamiques et fluides : Le massage thaïlandais intègre des mouvements d’étirement qui sont à la fois dynamiques et fluides, visant à promouvoir la flexibilité et à relâcher les tensions musculaires.
- Travail « énergétique » le long des lignes sen : Cette approche implique des manœuvres, des massages et des pressions ciblant des régions spécifiques le long des lignes énergétiques du corps, appelées sen. Cette dimension énergétique vise à rétablir l’équilibre dans le flux d’énergie du corps.
- Attitude méditative et de recueillement : Les praticiens adoptent une attitude de méditation et de recueillement pendant le massage, favorisant ainsi un contact intuitif avec le patient.
Les bienfaits du massage thaïlandais sont divers, et notamment, il contribue à réduire les douleurs dorsales. Cependant, il est honnête de préciser que « relaxante » n’est pas le premier adjectif qui nous viendrait pour qualifier notre expérience personnelle de ce massage. Ni pour Yannick, ni pour moi. Nos masseuses ont d’ailleurs ciblé avec insistance des nœuds au niveau de nos épaules. Bien que je sois consciente de leur présence, les ressentir est une expérience différente ! Pour ajouter une touche d’énergie, la masseuse de Yannick est également une boxeuse de Muay Thai. Vous pouvez imaginer l’intensité qu’elle a déployée pour prendre soin de mon amoureux !
Sans rire, ce moment nous a fait un bien fou et nous avons savouré chaque moment. Maintenant, il est temps pour nous de rejoindre Chiang Mai, car nous allons y passer les deux prochaines semaines. Nous y avons réservé un appartement et nous allons accueillir le papa de Yannick. Je vous raconterai tout ça dans le prochain article !