Notre Voyage À Nantes – Le grand tour ! – #VAN2017
Quoi de mieux pour se réapproprier notre ville que de la parcourir grâce au Voyage à Nantes ?
Donc c’est parti pour découvrir les nouvelles œuvres installées tout au long de la ligne verte. On vous raconte nos coups de cœurs mais aussi les œuvres pour lesquelles nous n’avons pas tout compris …
Nos deux vrais coups de cœur se trouvent à l’ancienne maison d’arrêt de Nantes avec “Entrez libre” et au cimetière de la Bouteillerie avec “Promenade“.
On commence au Lieu Unique avec une exposition de Hans Ruedi Giger : “Seul avec la Nuit“. Célèbre pour être le créateur des monstres de Alien, son style singulier est extrêmement troublant. Son oeuvre est multiple : dessinateur, peintre ou encore sculpteur, cet artiste a abordé ce qu’il appelle la biomécanique, fusion de l’humain avec la machine. Très sombre, son style fait de lui l’un des représentants majeurs de l’art du 20ème siècle. Mais même s’il est de l’avis de beaucoup un artiste majeur, il n’est pas vraiment reconnu par les milieux institutionnels et il est plutôt absent des livres d’histoire de l’art.
Cette rétrospective est la première depuis le décès de l’artiste en 2014, elle est un hommage et soulève la question de la présence de son oeuvre dans la création contemporaine.
Nous n’avons pas été particulièrement fans, le style morbide et tendancieux n’est pas trop à notre goût mais l’exposition est plutôt exceptionnelle. Bien entendu les enfants n’ont pas leur place dans cette exposition …
Ensuite, nous nous rendons au Passage Sainte Croix où nous retrouvons à nouveau Laurent Pernot qui nous présente son oeuvre “Pas de rose pour l’infini” composé en trois parties : “Light Odyssey” qui évoque les fréquences du soleil et des étoiles imperceptibles pour l’homme ; “Montagnes“, une vidéo qui présente des massifs qui s’élèvent par accélération (les enfants ont été assez envoûtés par ces images) ; “Tenir la mer“, une boule de cristal dans laquelle on pouvait observer les mouvements des vagues.
Sur la Place du Bouffay, “La part manquante” de Boris Chouvellon représente une grande roue à laquelle une part manque comme si elle était abandonnée et posée sur un lit de sel. Les nacelles de cette roue sont remplacées par des palmiers, symboles d’immortalité, et des godets de pelleteuse. L’oeuvre nous emmène dans un monde imaginaire auprès des forains et nous rappelle le souvenir de la magie de la fête.
Pour nous, nous y avons vu l’alternance du loisir représenté par les palmiers et du travail avec les outils du BTP. Comme si la vie devait se résumer à cette alternance binaire et monotone … Un peu triste ! Et cette part manquante ? Ne serait-elle pas la part de notre être, notre part de rêve, qui doit rester invisible pour répondre à la conformité que la société moderne exige ?
Nicolas Darrot, nous emmène dans son univers au Temple du Goût avec son oeuvre “Les Instruments“. On y découvre des petites saynètes qui évoquent les voyages dans l’espace, l’astronomie. “Super Collider” est un dialogue absurde entre un coach et un canon à particules. On y trouve aussi un chat astronaute en apesanteur qui récite une série de mot (c’est la voix du fils de l’artiste qu’on entend) ; un cratère toussotant d’où s’échappe une brume, expulsée comme si elle venait du cœur d’une planète souffrotante ; une marionnette dansante avec pour musique une radio crachant un discours haché sur la notion de spin de l’électron ; une peinture phosphorescente qui laisse apparaître des portraits d’illustres personnes liées à la conquête spatiale ou à l’exploration terrestre telles que Gagarine, Vasco de Gama, Magellan, Hypathie d’Alexandrie … grâce à un balayage de LED.
Ensuite direction l’ïle de Nantes pour nous rendre au Stéréolux et admirer le travail de Ken-Tsai Lee, un designer taïwanais, également auteur de la création graphique pour l’édition 2017 de Scopitone. Son travail est très intéressant, très graphique. Une partie de son oeuvre est purement artistique, mais une autre l’est pour des campagnes publicitaires ou de prévention, il a fait une création pour la sécurité routière dont des tirages géants auront recouvert des immeubles de Taipei. Son style, qui réconcilie la calligraphie chinoise avec l’abstraction et la rigueur mathématique, nous propose des créations très esthétiques.
A la Hab Galerie, Daniel Dewar et Grégory Gicquel nous présente leurs sculptures “Le Nu et la Roche“. Des marqueterie, sculptures ou haut-reliefs faites en marbre, dolérite, grès ou granit. Ces œuvres puisent leurs origines dans l’intimité et le quotidien du corps humain. Nous entrons ici dans un univers qui oscille entre la salle de bain et le monde aquatique avec des matériaux qui évoque la peau, l’eau et le minéral.
Une fois de plus, la Hab Galerie nous offre une exposition décalée dans laquelle nous ne nous retrouvons pas …
La Cale 2 nous propose une expo photo de jeunes photographes qui ont été mis à l’honneur lors du festival Circulation(s). Parmi les artistes qui nous ont touchés il y a :
- Marie Moroni, “IBABA“, qui nous offre des portraits de femmes du Rwanda. Elles les a rencontrées dans un petit village au nord de Kigali dans un atelier de broderie dans lequel elles ont repris le travail après 19 années d’interruption suite au génocide.
- Zhen Shi, “Kwei Yih“, qui nous présente son projet dans lequel on retrouve un sentiment où se mêlent nostalgie et mal du pays pour devenir bonheur.
- Weronika Gesicka dont le projet s’organise autour de photographies vintages qui représentent des scènes de familles, de vie quotidienne, de souvenirs de vacances.
- Ludovica Bastianini qui a travaillé sur des photographies de jeunes mannequins trouvées dans des magazines et qu’elle a habillées avec de vieilles dentelles. Ce travail pour dénoncer le fait que 13.5 millions de mineures dans le monde sont mariées de force chaque année.
Nous avons beaucoup aimé ces séries de photographies qui offrent une très belle oeuvre et nous fait parfois sourire, parfois réfléchir sur nous même et sur la société.
On retourne dans le cœur de ville sur la Place Graslin où se trouve “Hécate“, l’oeuvre de Nicolas Darrot. Alors là … on a pas tout compris … Ce personnage allongé sur le flanc représente Hécate, déesse grecque lunaire de la magie. A l’intérieur de ce corps, on découvre en son cœur un foyer en bronze qui symbolise un feu qui alimente l’activité cosmique entretenue par Hécate et qu’elle nous rend visible grâce à une légère brume.
Bon … je vous avoue qu’on a pas vraiment vu de corps et qu’on a pas bien compris le sens de cette oeuvre.
On reste avec Nicolas Darrot en entrant dans le théâtre Graslin. On y découvre “BLKNATRNTL“, nom de code de Black International, premier groupe anarchiste de Londres à la fin du 19ème siècle. L’artiste déploie un grand drapeau noir mécanisé qui flotte dans l’espace. Ce drapeau noir symbolise à la fois la période anarchiste mais aussi le fantôme de la baguette du chef d’orchestre qui bat la mesure au cœur de ce théâtre.
Dans la rue du Puits d’argent, nous avons le droit à une oeuvre plutôt originale : “Micr’home”. Ici, Myrtille Drouet nous offre une réflexion sur l’aménagement urbain et des espaces interstitiels. Cette construction est une occasion d’habiter autrement la ville, de lui offrir un nouveau regard. À 5m du sol et sur 2m de large, cette habitation de 26m² a été pensé afin d’avoir le nécessaire pour vivre, ainsi on y trouve sur trois niveaux un salon/cuisine, une chambre et une salle de bain/wc. Une vidéo est diffusée afin de pouvoir se rendre compte de l’aménagement intérieur. Sinon, pourquoi ne pas tenter l’expérience et y dormir : en effet, il est possible de dormir dans cette “Micr’home” !
Cette oeuvre est extérieurement très belle de part sa sobriété et elle se fond parfaitement dans la rue de la Fosse, à laquelle elle fait face.
Sur la Place Royale on découvre les sculptures de Laurent Pernot “La Terre où les Arbres rêvent“. Elles représentent des arbres, un cocotier d’Afrique et un cordaïte (arbre tropical préhistorique aujourd’hui disparu). Au sommet de ces arbres endormis, on trouve des personnages blancs assoupis. On a l’impression qu’ils ont trouvé refuge au sommet de ces arbres comme pour échapper à un danger : le réchauffement climatique ?
Une oeuvre qui nous fait prendre conscience de notre rapport à la nature et de nos comportements.
Ce cocotier nous a rappelé notre voyage en Martinique et que la douceur de l’île nous manquait un peu …
Près de Talensac, nous passons un porche et entrons dans l’Atelier où est exposé “Mon nom est personne“. Alexandre Périgot nous propose ici une exposition un peu différente comme elle n’est exclusivement composée que de peintures d’anonymes, ces collections, chaque musée en possède, mais elles sont perdues généralement au milieu de toutes les œuvres signées par de grands noms, elles ne sont pas le cœur de l’exposition comme ici. Ces œuvres datant du 17ème au 20ème siècle, dont les signatures sont illisibles ou tout simplement non signées, n’en sont pas moins intéressantes et autorisent à nous raconter plusieurs scénarios. Elles sont disposées sur deux grands panneaux, et on se retrouve seul devant l’oeuvre sans auteur. Un film sonore met en scène des partitions anonymes, pour certaines connues, interprétées par Marie-Pierre Brébant au clavecin et Xavier Boussiron à la guitare électrique.
Une belle exposition qui nous propose de voir des œuvres auxquelles nous n’aurions pas forcément beaucoup prêté attention autrement.
On repart pour une bonne petite marche pour nous rendre au jardin des Plantes. Là-bas, il faut lever les yeux et ouvrir les oreilles en entrant. Pedro nous fait découvrir son univers avec “Zoulou Ut Pictura Poesis“. Il nous offre un parcours imaginaire, poétique et coloré dans un écrin botanique. Ces créations, pour certaines longues de plusieurs mètres, sont un parfait mélange entre tradition horticole et peinture urbaine. Sans oublier les oiseaux qui sont venus se poser sur les branches des arbres du jardin et qui enchantent nos oreilles par leurs chants.
Une exposition d’œuvres peintes vient compléter ce parcours au sein de l’Orangerie.
Et on ne peut pas faire un Voyage à Nantes sans avoir une oeuvre de Claude Ponti au Jardin des Plantes. Cette année l’artiste a créé “Dépodépo“, un espace de jeu pour les enfants. Ce fond de jardin est celui d’un géant, et les enfants se trouvent confrontés à des objets à l’échelle inhabituelle. Les pots sont des cabanes dans lesquels se trouvent les entrées d’un réseau de galeries souterraines.
Les enfants peuvent se cacher, circuler entre les objets géants ou dans les tunnels ou encore communiquer à travers des tuyaux sonores.
Et partout dans la ville, Docteur Paper s’est invité dans l’espace public. Les éléments urbains (armoires de réseau téléphonique, caissons électriques …) deviennent des supports de dessins. L’artiste s’amuse avec les bâtiments et les noms des rues et des commerces pour nous raconter l’ambiance des rues nantaises.
Enfin, une “étape à trouver” a été “déposée” le long de la ligne verte. Nom de code ? Morse Attacks ! L’oeuvre ici nous rappelle à une scène célèbre, celle où le parachutiste John Steele, dans la nuit précédant le débarquement de Normandie, s’est retrouvé suspendu au clocher de l’église de Sainte-Mère-Eglise. Ici, vous l’aurez compris, un morse se retrouve donc lui aussi malencontreusement suspendu à un clocher !
Une ligne verte qui cette année nous a encore ravi, fait voyager dans la ville et nous a encore permis de découvrir de fabuleux artistes et lieux.
Nous vous partagerons dans des articles bien a eux l’exposition au Musée d’Arts, au Musée Dobrée et au Château des Ducs de Bretagne.