Nous quittons les sommets de Nemrut Krater, et disons au revoir aux ours, pour prendre la route de la Mésopotamie. Nous décidons de faire quelques dizaines de kilomètres seulement et de nous arrêter de bonne heure, car il fait très chaud (38°C) et cette chaleur est fatigante pour nous autant que pour la mécanique.

Après un peu plus de 2h de route, nous trouvons un spot au milieu d’une plaine avec de nombreux arbres. Nous réussissons à trouver une place pour profiter de leur ombre pour tout l’après-midi. Nous profitons de cette pause à l’ombre, et avec du vent, pour faire l’école et travailler.

Le paysage, avec une belle vue sur les plaines de Mésopotamie, nous rappelle ceux du Maroc ! À quelques mètres de nous, nous trouvons une structure émergeant du sol. C’est le vestige d’un puits de pétrole… duquel suintent encore quelques gouttes de cet or noir.

Le lendemain, nous quittons ce spot et nous faisons une pause rapide pour voir le pont Malabadi. Ce pont en arc, construit entre 1146 et 1147, enjambe la rivière Batman. Il paraît que ce pont possède la plus grande voûte de pierre au monde et que le dôme de la basilique Sainte-Sophie passerait facilement sous le pont !!!

Nous reprenons ensuite la route pour nous rendre au monastère Mor Gabriel. Il fut fondé en 397 sur les ruines d’un ancien temple païen. C’est le monastère assyrien orthodoxe le plus ancien qui soit encore sur pied dans le monde.

Nous y découvrons un très bel édifice avec des pierres magnifiques. Nous n’avons pu visiter qu’une petite partie du monastère, car une petite communauté de 7 sœurs et 4 moines syriaques orthodoxes y habite toujours.

Quand nous sortons du monastère, il fait super chaud et le parking est en plein soleil. Nous repartons pour nous poser sur le parking du monastère Mor Hananyo, entouré d’arbres ce qui nous permet d’avoir de l’ombre et de nous rafraîchir. En début de soirée, le gardien vient à notre rencontre et nous offre des pâtes cuisinées aux légumes, de la pastèque et des amandes.

Le lendemain, nous partons visiter ce monastère syriaque orthodoxe dédié à Saint-Ananias. Quand nous entrons par l’entrée principale, nous tombons sur une petite cour entourée de boutiques et d’un restaurant. Nous hésitons à aller plus loin, pensant que le site n’offre pas plus à voir. Heureusement, un homme nous fait signe de traverser le restaurant pour arriver à l’accueil du monastère.

Ce monastère fut fondé au 5e ou 6e siècle, il abrite encore une petite communauté de moines. Il abrite les tombes de 52 patriarches de l’Église syriaque orthodoxe orientale autocéphale. Ce sont les chrétiens araméens qui viennent dans ce monastère pour les offices. Mais les persécutions perpétuées par les Kurdes ont obligé la communauté à fuir.

Nous partons ensuite pour une petite balade dans les rues de Mardin. C’est aussi l’occasion pour nos louveteaux de fêter leur 6ème non-rentrée ! Mardin est une ville de Haute Mésopotamie qui se trouve sur la route de la soie.

Nous commençons par entrée dans l’église Kırklar qui date du 6ème siècle. En entrant, un panneau nous indique que nous ne pouvons pas prendre de photos. Nous sommes un peu tristes, car l’église est vraiment jolie… Mais, c’est sans compter sur la gentillesse turque ! Le guide vient nous voir et nous demande pourquoi nous souhaitons prendre des photos. Nous lui expliquons que nous voyageons et que nous voulons que les enfants gardent un souvenir de leurs découvertes. Alors, sans hésiter, il nous invite à prendre en toutes les photos que nous voulons, mais discrètement !

Après la pause-déjeuner, nous allons à l’église syriaque de Sainte-Marie. Malheureusement, cette dernière est fermée. Nous poursuivons notre chemin.

En parcourant les ruelles de la citadelle, nous découvrons la Grande Mosquée, Ulu Camii, l’une des plus anciennes mosquées d’Anatolie. Son magnifique minaret surplombe la Mésopotamie et est l’un des symboles de la ville.

Nous allons ensuite à la médersa de Zinciriye. C’est l’un des plus beaux édifices du 14e siècle. Elle nous offre une vue fabuleuse sur la plaine de Mésopotamie. Ce site historique a été construit en 1385 et se compose d’une cour sur deux étages, d’une mosquée, et d’un tombeau, et surmonté de deux grands dômes situés à l’est et à l’ouest.

Jusqu’en 1920, la médersa a servi d’école religieuse. Elle a été fermée au moment de la réforme religieuse d’Atatürk et est devenue un musée.

Nous avons aussi pris le temps de déambuler dans le bazar de la ville (ce qui nous a fortement rappelé les souks marocains !). Nous avons vraiment beaucoup aimé cette vieille ville aux jolies pierres et où cohabitent en paix mosquées, églises et monastères.

En fin d’après-midi, nous quittons Mardin pour notre spot du soir. Nous avons trouvé sur Park4Night un lieu qui a l’air chouette avec une rivière et une source. Parfait avec cette chaleur ! Nous partons donc pour 1h de route.

Sur place le lieu a quelque peu… changé ! En effet, là où la nature était reine, la municipalité a aménagé le site pour que les locaux puissent s’y rendre. Quant à la rivière, elle est quasi inexistante, car l’Homme a encore une fois voulu maîtriser les éléments. Nous sommes vraiment déçus et fatigués. On se gare sur le parking pour aller explorer à pied les lieux et on aperçoit une petite maison qui est un restaurant.

Ce jour-là, il accueille un mariage. Des convives nous interpellent et nous discutons longuement. Ils nous invitent à manger un petit quelque chose dans le petit restaurant. Après cette chouette pause, nous repartons en exploration. Il se fait tard. Nous nous enfonçons donc dans un chemin et nous garons un peu plus loin. Ce n’est pas sexy, mais cela fera l’affaire pour une nuit.

À peine garé, un homme vient nous voir. Yannick et lui discutent et il nous invite à le suivre. Il marche en tête, avec Yannick, et moi je les suis avec Ookami. Nous arrivons à une maison, chez lui, et nous montre une place sur laquelle nous pourrions nous garer. Puis il va discuter avec un autre homme qui, à son tour, nous invite à le suivre.

Nous roulons plusieurs mètres et nous nous arrêtons devant une maison. Là, une femme sort et discute avec Yannick pendant plusieurs minutes. Les deux personnes nous invitent à passer la soirée avec eux et à dormir chez eux. Invitation que nous acceptons ! Nous allons ainsi passer un chouette moment avec Hatun et ses parents. Le lendemain son papa nous fait faire un petit tour dans son jardin où nous ramassons des figues, du raisin, des pistaches et des noix.

Nous reprenons la route de Mésopotamie en direction de Şanlıurfa. Mais avant de visiter la ville, nous nous offrons trois jours de pause dans un tout petit bout de forêt. Les pins nous protègent de la chaleur. Nos louveteaux ne tardent pas à ressortir tous leurs Lego et à jouer pendant des heures. De notre côté, nous profitons de ces moments pour nous reposer, et surtout travailler et entamer de nouvelles formations.

Après cette pause ressourçante et studieuse, nous allons découvrir le site archéologique de Göbekli Tepe. Ce sanctuaire date de l’époque néolithique et possède une histoire vieille de 12 000 ans. Les fouilles ont permis de découvrir que les chasseurs-cueilleurs s’y rassemblaient pour prier leurs divinités.

Les archéologues ont mis à jour des temples avec de grands piliers en forme de T pouvant atteindre 6m de haut. Ils sont ornés de gravures représentant des serpents, des renards, des sangliers ainsi que des oiseaux. On y découvre également des sculptures d’animaux en trois dimensions.

D’après certaines interprétations, Göbekli Tepe serait l’endroit où Adam et Ève s’établirent après avoir été chassés du Paradis. Cette argumentation s’appuie sur le fait qu’Adam, d’après la Bible, y sema le premier blé sur ses nouvelles terres d’exil. Et c’est, toujours d’après ces interprétations, sur le site de Göbekli Tepe que l’agriculture vit le jour pour la première fois.

Après cette visite, nous allons à Şanlıurfa où nous visitons la belle mosquée Mevlidi Halil et nous arpentons les ruelles du bazar. Et surtout nous nourrissons les carpes sacrées du bassin Balıklı göl, une piscine sacrée. Les musulmans voient en ce lieu l’endroit où Ibraham a été jeté au feu par le roi Nimrod.

L’histoire raconte qu’Ibraham était le grand ennemi du roi Nimrod, puisqu’il était celui qui déclarait la guerre à l’idolâtrie de son époque. Et surtout, Ibraham avait gagné le cœur de la fille du roi Nimrod, Zeliha. Le roi furieux condamna instantanément Ibraham à mort. Il ordonna alors de construire un bûcher massif pour le brûler vif. Selon la légende, lorsqu’il fut jeté dans le feu, les flammes sont devenues de l’eau et les braises se sont transformées en poissons. Encore aujourd’hui, cette piscine est considérée comme sacrée et les poissons qui s’y trouvent sont sacrés ; on dit aussi que quiconque en tue, ne serait-ce qu’un, sera frappé de cécité ! Il est donc de tradition pour les musulmans de venir nourrir ces carpes sacrées.

En fin d’après-midi, nous quittons Şanlıurfa et faisons la route de nuit pour rejoindre notre spot. Nous avons choisi ce dernier, car, selon les commentaires sur Park4Night, il nous permet de nous baigner dans l’Euphrate. Ce fleuve mythique de Mésopotamie. Nous avons donc à 21h. À peine arrivés, des Turcs nous apportent des légumes grillés pour le dîner, un délice ! Après une bonne nuit de sommeil, nous allons explorer les lieux. Certes, il y a un accès à l’Euphrate, sauf que les bords sont jonchés de morceaux de ferrailles rouillés. Pas question de rentrer dans l’eau ! Les enfants se plaisent quand même ici. Nous décidons donc de rester 2 jours, ce qui nous permet de nous reposer et de travailler ! Le dernier soir, nous recevons même la visite d’un renard !

Après ces deux jours de pause, nous partons retrouver nos amis les Mamatoch au camping Damlacık, près de Nemrut Dağı. Nous arrivons en fin d’après-midi, ce qui nous laisse le temps de nous installer et d’échanger longuement avec nos amis, que nous n’avions pas revus depuis notre départ de la Géorgie.

Le lendemain, nous nous levons à 3h30 du matin pour admirer du lever du soleil au sommet du Mont Nemrut, à 2200m d’altitude. C’est un taxi qui nous emmène au sommet, et ce n’est pas plus mal, car la montée est assez rude. Nous arrivons à 4h30 à l’accueil du site, le temps de prendre nos tickets, de boire un thé et de louer des couvertures.

À 5h00, les portes s’ouvrent, notre chauffeur nous rapproche au maximum. Ensuite, nous finissons l’ascension, enveloppés dans la nuit fraîche, pendant environ 15 min pour atteindre la plateforme. Pas mal de touristes sont présents, mais nous arrivons à trouver une place parfaite pour profiter du spectacle. Il nous faut encore être patients… Et dans le froid glacial et le vent, c’est difficile pour nos louveteaux. Nous les emmitouflons dans les couvertures, et un groupe de jeunes Turcs nous prête une couverture supplémentaire (ah ! la gentillesse turque !!!). Et soudain, il apparait, tout en douceur, le soleil nous offre un moment super magique !

Après ce superbe spectacle, nous allons découvrir le site de l’époque hellénistique. On y découvre l’histoire d’un roi quelque peu mégalo, Antioche 1er de Commagène. Il a installé ici un lieu de culte à son intention personnelle, ainsi qu’à celle des grands dieux grecs pour leur montrer sa gratitude. Nous y trouvons ainsi des statues monumentales en calcaire de 8 à 10m de haut à l’image d’Antioche, de Zeus, d’Appolon et d’Héraclès. De chaque côté de ses immenses statues, il y a des « gardiens », des statues d’animaux représentant un lion et un aigle. Le site est impressionnant !

Bon, c’est vraiment chouette, mais il fait toujours froid, et nous avons très envie de rentrer pour nous réchauffer. Nous redescendons donc vers notre chauffeur qui nous ramène au camping. Nous retrouvons nos amis avec qui nous passons de super moments. Les enfants profitent de la piscine, les adultes également, bien qu’elle soit carrément gelée. Nous profitons également des douches chaudes ! Nous faisons ainsi une pause de deux jours pour nous reposer et câliner des chatons.

Samedi matin, nous quittons le camping et nous poursuivons notre route avec les Mamatoch. Nous trouvons un superbe spot sur les bords de l’Euphrate à quelques kilomètres de Halfeti. Nous pouvons profiter pleinement de bonnes baignades rafraîchissantes. On se baigne dans l’Euphrate ! Pour nous c’est quelque chose de magique. Le soir, un vent de fou se lève et chacun rentre chez soi pour passer la fin de soirée à l’abri.

Dimanche matin, nous partons pour une balade en bateau afin de découvrir l’ancien village d’Halfeti. La construction du barrage de Birecik a eu pour conséquence l’engloutissement de la ville et de sa région. Nous découvrons le minaret de la mosquée qui est le seul témoin de cette histoire visible à la surface de l’eau. L’après-midi, nous profitons à nouveau de l’Euphrate avant de partir pour Gaziantep.

Après avoir profité à fond de l’Euphrate, nous arrivons à Gaziantep en début de soirée. Les Mamatoch et nous avons besoin de passer chez Décathlon pour quelques achats. Pour la nuit, et vu l’heure très tardive, nous décidons de nous arrêter sur une aire de camping-car de la municipalité. Nous allons passer la nuit collés serrés !

Le lendemain matin, nous profitons de cette aire pour laver notre linge, et nous faisons l’école. Pour le déjeuner, nous trouvons un petit coin sous les arbres, face au petit lac Burç. L’accès est un peu compliqué à trouver, car un grillage a été installé tout autour, mais nous avons réussi à trouver une entrée. Nous nous imaginons déjà pouvoir rester pour une nuit, mais c’est sans compter sur l’arrivée de gendarmes qui nous disent que nous ne pouvons pas rester ici. Nous reprenons donc la route en milieu de l’après-midi.

Après 2h de route, nous essayons de trouver un spot pour la nuit, sur les bords de la rivière Deliçay. Un peu par hasard, le propriétaire d’un restaurant nous invite à rester sur son parking pour passer la nuit. Ce restaurant se situe au bord et dans la rivière. Un vrai plaisir pour un dîner partagé avec nos amis les Mamatoch.

Mardi matin, nous partons pour une randonnée de 4h le long de la rivière pour atteindre une petite cascade. Nous en profitons pour une petite baignade fraîche. Après cette belle balade, nous allons prendre un kahvaltı dans le restaurant. En milieu d’après-midi, nous quittons nos amis, et la Mésopotamie, car nous avons du travail, et ici il n’y a pas de réseau ! Direction la Méditerranée !