Les doutes …
Et voilà, on est martiniquais depuis maintenant 6 jours !
Notre rêve a pris forme, notre nouvelle vie commence … mais pas forcément comme je le voudrais …
Après la retombée de l’excitation du premier jour, de l’arrivée, de la découverte, je me retrouve en pleine période de doutes, je ne me sens pas à ma place, je ne me sens pas entier sur place, comme un gros vide.
Après la semaine a été rude, visite sur visite pour une maison, formalités pour le conteneur, le décalage horaire et le fait que je fasse toujours des nuits de 3h (dédicace au coq voisin qui me tient compagnie dès 4h du mat’), en bref, j’ai plus vraiment le goût à rien en ce moment, même manger, qui est pourtant pour moi une activité majeure ! En fait je ne me reconnais plus, je n’arrive plus à rire ou dire des bêtises, je ne suis plus dans la dynamique qui me portait depuis juillet …
J’arrive pas à me projeter sur place … et pour couronner le tout, nous vivons notre première “onde tropicale”, là il faut comprendre qu’il va flotter toute la journée, que l’électricité va être capricieuse et qu’en plus on te conseille de ne pas aller au bord de la mer, en campagne, en montagne, sur les routes, bref, tu doit rester cloîtré chez toi et tu attends … tout ce dont je n’avais pas besoin …
Mais en attendant je ne sais plus où j’en suis, j’ai l’impression d’avoir pris une mauvaise décision, fait un mauvais choix. Et je ne sais pas trop comment en parler, parce que je me sens mal d’avoir fait tout ça pour maintenant me dire que je ne me sens plus enthousiasmé par cette belle aventure. Mal envers Sylviana pour commencer, parce qu’elle aussi a tout lâché … mal envers tout le monde, c’est frustrant de se dire qu’on a tellement préparé et partagé avec nos proches que le fait que maintenant je sois en plein doutes, ça me gêne terriblement !
Je suis tiraillé entre l’envie de rentrer en métropole pour retrouver mes repères, ces choses qui me manquent cruellement, et l’envie d’accomplir quelque chose de différent. Je ne sais pas où je “dois” aller, où je “dois” nous mener. C’est certainement la plus grosse période de doutes qui m’ait été donné de vivre à ce jour, c’est comme si ce changement je le rejetais complètement en fait.
Pour en rajouter, les enfants nous ont dit qu’ils aimaient la Martinique pour les vacances mais pas pour toute la vie, pas pour y vivre. Et comme nos enfants sont le centre de tout pour nous, il n’en fallait pas beaucoup plus pour me faire plus encore ressentir ce sentiment de mal être.
Une terre de vacances peut être …
… mais pour le moment je n’ai pas l’impression que cela puisse être une terre à vivre pour moi … Cette île j’en ai rêvé tellement pourtant, ces plages magnifiques, cette mer transparente et les fonds blancs, la carte postale quoi ! Et j’y étais dans cette carte !
Mais maintenant, je fais quoi ? Après avoir glané quelques précieux conseils auprès de mes deux meilleures amies qui parcourent le monde, je dois positiver, profiter, visiter, pour au moins me dire que j’aurai vécu mon expérience, mais c’est pas le bon jour avec ce temps !
Alors on se programme des activités, on va rencontrer du monde, et on va récupérer notre conteneur et donc toutes nos affaires et les jouets des enfants !
Il nous reste 3 semaines pour mûrir notre décision, quelle qu’elle soit, donc on va essayer de visiter, vivre et au moins voir un maximum si jamais on devait dire adieu prématurément à la belle Madinina …
Yannick, c’est très émouvant de te lire, et j’oserais même dire rassurant. Je m’explique: Je suis presque certaine que ce n’est qu’un cap, un moment transitoire inévitable. Mais oui c’est sain de douter! Votre décision vous a amenés à un changement de vie et peut-être en prenez-vous conscience “réellement” seulement maintenant que vous êtes dans la carte postale. Il est important de réussir à se mettre à distance et c’est ce qui se passe ces jours-ci…
Cela ne durera pas car vous allez rebondir et les projets, les rencontres vous porteront à nouveau.
Vous avez toute mon admiration!
Courage!
Cher Yannick, j’espère que ça va mieux. Tu sais ici aussi il a plu toute la journée (c’est vrai!). C’est beau mais triste mais beau ce que tu dis. J’ai envie de venir prendre un caf pour te remonter le moral… Mais ça ne t’aiderait pas à dormir! C’est normal de pas se sentir à sa place quand on débarque quelque part. Vous êtes ensemble, c’est l’essentiel. Sylviana et les enfants vont te porter. On pense très fort à vous! Biz jf&a