Petite leçon d’histoire et devoir de mémoire aujourd’hui !

Direction la “Savane des Esclaves” aux Trois Îlets pour découvrir un musée hors du commun.

Ce musée, cet espace même, c’est Gilbert Larose qui l’a construit, et quand je dis construit c’est le mot car c’est lui qui l’a sorti de terre, qui l’a construit, sans aucune aides ou subventions. Ouvert en 2004, ce village retrace la vie en Martinique à l’époque de l’esclavage et dans les temps suivants.

Nous sommes accompagnés d’une guide, les visites démarrent toutes les heures.

Dans un premier espace, nous explorons l’histoire de la Martinique, depuis les Arawaks jusqu’à l’abolition de l’esclavage. De très belles statues en mahogany sont présentées.

On apprend notamment que le métissage de la Martinique est bien plus large que ce que je pensais, les esclaves n’étant pas seulement venus d’Afrique. Les premiers réduits en esclavages furent les bretons et les normands, aussi surprenant que cela puisse paraître. Les suivants ont été les africains, mais ce n’est pas fini. Quand la traite africaine fût interdite (merci les anglais pour ça au moins), ce fût au tour de l’Inde puis enfin de la Chine de “fournir” de la main d’oeuvre aux colons blancs.
On nous explique aussi que sur les plantations la vie est extrêmement difficile pour les esclaves. Les travaux sont durs, les repas, enfin LE car seul un était obligatoire et la culture personnelle interdite, pouvaient être la source de beaucoup de difficultés car les esclaves n’avaient bien entendu pas le droit par exemple de manger de la canne sinon ils étaient durement sanctionnés : coupage d’oreilles puis de mollet, fouet et autre carcan, pendaisons étaient monnaie courante. Les fuyards étaient punis aussi. Ceux-ci devenaient les “Marrons” ou “Nègres Marrons” (Negmarron), mot venant de l’espagnol Cimarron pour parler des nègres fugitifs.
Sans parler des violences sexuelles dont étaient victimes les femmes, qui donnaient naissance à des enfants métisses réduit en esclavage eux aussi mais sur des tâches souvent moins ingrates.
Le comportement à adopter envers les esclaves était expliqué dans un terrible livre dont j’avais un peu entendu parler avant, le terrible “Code Noir” (petite explication sur ce site).

Ensuite nous parcourons la “Rue Case-Nègres”, cette rue où toutes les cases étaient en enfilade. Les cases étaient minuscules et le confort, si on peut parler de confort, plus que spartiate. Ils vivaient jusqu’à 4 dans des cases plus petites que des chambres de bonnes …

Suit la “Case du Colon”, qui n’est pas celle où il habite, mais celle où il fait endurer des sévices à ses esclaves … Les outils sont d’époque et franchement ça fait froid dans le dos.

Ensuite, la “Case de l’esclave âgé”, celui qui as eu la chance de vivre âgé, car ils ne devaient pas être nombreux, obtenait le droit de jardiner sur un petit lopin de terre, il valait mieux optimiser son espace !

Vient après le “Jardin Créole” et les cases qui l’accompagnent. C’était le visage de la vie après l’abolition de l’esclavage, ou finalement rien n’avait changé car les anciens esclaves n’ayant aucun moyen de subsister devaient repartir dans les plantations pour y travailler dans des conditions exécrables.

Le village “Antan Lontan” montre la vie dans les mornes, les montagnes ici en Martinique, des anciens esclaves. On y voit aussi le mobilier et les objets de la vie courante.

Le jardin médicinal se met en place et de nombreuses plantes sont utilisés.

Un espace est ensuite dédié aux différentes cultures des plantations sur les habitations (café, cacao, tabac …).

Une autre zone dans un bateau nous raconte aussi le commerce triangulaire et la traite des esclaves.

Nous avons beaucoup aimé cette visite, et aussi été extrêmement touchés, même marqués par le sort réservé aux esclaves lors de cette terrible époque.
Le fait que le site soit fait à la force d’homme, ajoute à cette sensation. Ici aucun tracteur n’a travaillé, seuls la volonté et l’amour d’un homme pour son île sont à l’origine de tout.
Pour nous c’est donc un incontournable de l’île !

Le site