Après une magnifique semaine passée auprès de notre famille turque et une pause de quelques jours, nous avons donc repris la route pour aller découvrir la ville de Gaziantep. C’est une ville que nous n’avions fait que traverser l’année dernière, et nous avons très envie de la visiter. C’est donc parti pour parcourir un peu plus de 300 km et retrouver un peu de chaleur !

Nous faisons une première pause sur une aire de pique-nique sur laquelle nous pensons rester deux jours pour travailler. Malheureusement, la connexion internet n’est pas bonne, nous ne restons donc qu’une seule nuit.

Comme nous ne sommes pas très loin, et que la ville est sur notre route, nous nous arrêtons à Kahramanmaraş pour découvrir la capitale de la glace à base de salep, une farine faite à base de tubercules d’orchidées.

Nous nous garons devant la très jolie mosquée Abdul Hamid Han Cami. Et nous partons à pied pour visiter le centre de la ville. On se fait un peu surprendre, car il y a presque 2 km à faire pour y aller et le tout en descente (on pense déjà à la remontée !). Nous errons dans les rues de Kahramanmaraş qui ne nous charme pas vraiment. Un peu par hasard, nous nous arrêtons pour manger des glaces. Et, le hasard faisant bien les choses, c’est chez Yaşar Pastanesi que nous faisons cette pause gourmande où nous mangeons des glaces succulentes. Le salep est une sorte de farine obtenue grâce à des bulbes d’orchidées séchés et donne une consistance toute particulière à la glace, la rendant très onctueuse.

Je dois vous avouer que nous sommes assez exigeants en termes de glaces… Les Nantais nous comprendront : à Nantes, et même dans le monde (!!!), les meilleures glaces sont celles de La Fraiseraie. Et nous avons dû mal à trouver des glaces aussi bonnes. Mais celles de Yaşar Pastanesi sont succulentes et n’ont rien à envier aux glaces de La Fraiseraie.

Après cette jolie découverte gourmande, nous retournons à Ookami. Je vous rappelle : nous avons 2 km à parcourir et le tout… en montée ! Et sous le soleil, les 2 km sont un peu longs, mais nos louveteaux sont courageux et le trajet se passe dans la bonne humeur !

Une fois arrivés, nous allons visiter la mosquée Abdul Hamid Han Cami. Une pause fraîcheur accueillie avec joie. Cette mosquée de l’époque ottomane est la quatrième plus grande mosquée de Turquie.

Pour la nuit, nous nous posons dans une forêt de pins. Nous passons une nuit au calme, bercés par les bruits de la nature. Nous décidons donc de rester une journée de plus.

Dans la matinée, nous reprenons l’école après une semaine de vacances. Et tout se passe en douceur. Yannick et moi reprenons aussi un rythme plus soutenu dans le travail. Nous profitons aussi d’une petite balade en famille pour faire du ramassage de déchets.

Dans la soirée, les gendarmes viennent nous voir. Ils nous informent que nous ne pouvons pas rester pour dormir ici. Ils nous autorisent quand même à rester pour la nuit et jusqu’à la fin de matinée (la gentillesse des gendarmes !). Le lendemain, après l’école, nous reprenons donc la route pour quelques minutes…

Le choix des spots dans la région n’est pas très grand et nous n’avons pas envie de faire beaucoup de kilomètres. Nous arrivons donc sur une aire de pique-nique au bord du barrage Kartalkaya. Les enfants sont très contents, car il y a un joli parc et une aire de jeux.

Nous sommes accueillis par le gardien de l’aire. Il nous invite à nous installer confortablement et il nous propose d’utiliser les sanitaires autant que nous avons besoin (normalement payants). Nous décidons de rester 3 jours ici. Nous rythmons nos journées par l’école, le travail, l’aire de jeux, la lecture, et les glaces que nous achetons chaque jour au marchand de l’aire pour remercier chacun de l’accueil qu’ils nous offrent !

Vendredi, nous quittons l’aire de pique-nique après l’heure du goûter pour rejoindre Gaziantep. Nous arrivons vers 18h30. Le temps de faire quelques courses alimentaires, nous rejoignons le parking qui va nous accueillir pour quelques jours.

Samedi, nous quittons Ookami à 8h30 pour prendre un kahvaltı chez Gale Altı. Nous nous sommes régalés et avons même un peu trop mangé…

Nous allons ensuite visiter le château de Gaziantep et nous y découvrons l’histoire de la ville et l’occupation de celle-ci par les Britanniques et les Français.

Pour la petite histoire, à la suite de la défaite de l’Empire ottoman en 1918, dans le cadre de la guerre d’indépendance turque, les pays victorieux se sont partagés une grande partie du territoire. Lors de la campagne de Cilicie, les troupes armées françaises, alliées aux troupes arméniennes, occupèrent Antep (nom de la ville à cette époque) et d’autres cités comme Maraş (Kahramanmaraş) et Urfa (Sanliurfa). Je vous passe toute l’histoire de cette guerre, mais nous découvrons les atrocités faites (comme dans toutes les guerres, vous allez me dire) comme ces 14 enfants partis chercher de la farine dans un moulin, assassinés froidement par les militaires français… Antep a résisté héroïquement à cette occupation, avant de déposer les armes en février 1921.

Cette résistance face à l’occupation française lui vaudra l’ajout du qualificatif « Gazi » qui signifie « Victorieuse », ainsi Antep devient Gaziantep. Durant cette même période, les mobilisations et actes de bravoure turcs vaudront aussi aux villes de Maraş et Urfa les qualificatifs respectifs de Kahraman, « Héroïque », et Şanli, « Glorieuse ».

Ensuite, nous allons au Pişirici Mescidi ve Kasteli, des bains turcs de l’époque seldjoukide qui date de 1282. Nous y descendons par un escalier et, en entrant, nous y découvrons la piscine, des baignoires, des toilettes et une source naturelle qui coule ici en permanence.

Puis, nous allons au bazar Zincirli Besdesten Çarşısı. Ce grand bazar fut construit en 1781 et nous y découvrons le fabuleux travail des artisans du cuivre qui sont une des raisons de la renommée de la ville. Nous nous offrons une jolie casserole pour faire le café turc.

En sortant du bazar, nous passons près de la mosquée Alaüddevle que nous allons découvrir.

Dans l’après-midi, nous allons au musée du hammam qui se trouve dans un très beau bâtiment construit en 1577. Nous y découvrons la culture du bain turc à Gaziantep. Beaucoup d’outils et d’équipements du hammam y sont exposés comme les différents savons utilisés ou encore ces chaussures ultra-compensées pour éviter d’avoir les pieds mouillés. 

Nous allons ensuite au Musée culinaire Emine Göğüş où nous y apprenons l’art de cuisiner les plats turcs, mais aussi l’art de recevoir.

Gaziantep est la capitale de la gastronomie en Turquie, mais aussi la capitale de la pistache et surtout du baklava. Nous ne pouvons donc pas venir ici sans faire nos gourmands. Ainsi, nous allons chez Ömer Güllüoğlu pour nous faire plaisir. Nous nous offrons une jolie boîte composée de kare baklava, de kuru baklava, de eski usûl dolama, de yas baklava, de midye baklava, de yaprak söbiyet, de dolama, de söbiyet, de ezmesi et de burma kadayif… Je ne vous cache pas que nous nous sommes régalés !!!

Nous revenons à Ookami pour le dîner et nous retournons nous balader de nuit dans les rues de Gaziantep. Nous faisons un petit arrêt gourmand pour déguster des katmers, un dessert croustillant traditionnel de Gaziantep à base de pistaches.

Dimanche, la pluie est au rendez-vous ! En fin de matinée, nous profitons d’une accalmie pour visiter le musée d’archéologie de Gaziantep. Nous y découvrons une jolie collection d’objets datant de la préhistoire à l’époque ottomane.

Nous réussissons à éviter la pluie pour rentrer. Mais elle revient en début d’après-midi et ne nous quitte plus jusqu’à la fin de journée. Nous décidons donc de rester au chaud chez nous.

Lundi, le beau temps est de retour. Après une matinée école et travail, nous partons visiter le musée du jouet. Sur notre chemin, nous passons par la place Sehitler Abidesi sur laquelle nous découvrons des dizaines de pigeons. Un homme nous propose de leur donner quelques graines, ce que nos louveteaux acceptent avec plaisir.

Quelques mètres plus loin nous découvrons Ulu Cami, une grande mosquée blanche.

Nous arrivons au musée du jouet et nous y découvrons environ 600 jouets datant de la fin des années 1800 à 1990. Les jouets viennent de Turquie, mais aussi d’Allemagne, d’Angleterre, des États-Unis et quelques-uns de France. C’est drôle de voir certains jouets que Yannick et moi avons connus quand nous étions enfants !

Après le déjeuner, nous allons nous mettre au vert dans le joli jardin botanique. Ce jardin a pour objectif de protéger les plantes endémiques et menacées de Turquie, mais également de constituer la plus grande collection de plantes vivantes au monde dans les années à venir. Nous nous sommes régalés et ressourcés dans ce lieu très apaisant. Les enfants ont adoré pouvoir déambuler dans les allées de ce jardin. Ils ont d’ailleurs une mention spéciale pour la partie asiatique avec son parcours sensoriel.

Mardi, après l’école, nous allons au musée Zeugma, le musée de la mosaïque, qui est notre dernière visite dans Gaziantep.

Zeugma était une cité antique située sur les bords de l’Euphrate. En 1995, la Turquie annonce la construction du barrage Birecik. Alors, les archéologues se lancent urgence dans des fouilles et mettent à jour une organisation de la cité très évoluée, mais aussi de nombreux objets, de magnifiques fresques murales et d’exceptionnelles mosaïques. Tous ces artefacts sont alors rassemblés au musée archéologique de Gaziantep.

En 1999, alors que les archéologues n’ont eu le temps de fouiller que 15% du site, la mise en eau du barrage est déclenchée. La cité est alors engloutie sous l’eau de l’Euphrate et, malgré des protections mises en place, toutes les œuvres encore présentes ont malheureusement été détruites.

Le musée Zeugma nous présente tout de même une splendide collection de mosaïques qui ornaient les villas de la cité. Certaines représentent les dieux grecs avec le triomphe de Poséidon, la naissance d’Aphrodite ou encore l’enlèvement d’Europe par Zeus. Nous y découvrons aussi les héros grecs avec Achille, Ulysse ou Persée sauvant Andromède.

Le clou de cette collection est la mosaïque que l’on appelle « The Gipsy Girl ». Avec son regard mystérieux, elle est devenue le symbole de Zeugma. Cette femme serait Gaïa, la déesse de la Terre.

Après cette jolie découverte de Gaziantep, il est temps de reprendre la route direction l’ouest pour profiter un peu de la Méditerranée.

Mais la route est un peu longue jusqu’à la mer. Alors, nous nous sommes arrêtons sur le site de Yesemek. Dès notre arrivée, Yannick est invité par le gardien à partager un çay. Je reste à Ookami avec les enfants pour travailler un peu. Soudain, on se prend une sacrée pluie d’orage. Cela dure une vingtaine de minutes et Yannick revient quand tout s’est calmé.

Mercredi matin, nous allons visiter ce site archéologique. Il s’agit d’une ancienne carrière et d’un atelier de sculpture. Fondé par les Hittites, on y fabriquait des statues pour orner les portes des villes, des palais et des temples.

Après la visite, le gardien nous offre un çay (enfin plutôt 3 ou 4) et nous reprenons ensuite la route pour rejoindre la Méditerranée.