C’est une question qu’on nous pose souvent, parfois du bout des lèvres, parfois avec une vraie curiosité :
« Et vos familles, elles en pensent quoi ? ». Parce que oui, famille et vie nomade peuvent sembler difficiles à concilier aux yeux de beaucoup.

Et à chaque fois, on sent ce qu’il y a derrière. L’inquiétude. Le doute. Le besoin de savoir si on a été soutenus, compris, validés.
Parce que quand on fait un choix de vie aussi fort, aussi atypique que celui de tout quitter pour vivre sur les routes avec ses enfants, on bouscule l’ordre établi. Et forcément, ça fait réagir.

Alors oui, on va te répondre. Sans filtre. Avec notre vécu, notre vérité, notre ressenti. Parce que cette question touche à quelque chose de très intime : les liens. Ceux qu’on garde, ceux qu’on perd, ceux qu’on construit.
Et tu verras, ce n’est pas tout blanc ou tout noir. C’est un peu comme nos chemins : plein de virages, mais toujours sincères.

Ce que cette question révèle (et pourquoi elle nous touche)

Quand on nous demande “Et vos familles, elles en pensent quoi ?”, ce n’est jamais anodin.
Souvent, derrière ces quelques mots, on entend bien plus que la question en elle-même.
On perçoit les peurs, les doutes, les projections…
Parce que faire un choix de vie qui sort du cadre, ça interroge. Ça remue. Parfois ça dérange.

  • Certains imaginent qu’on a dû affronter des tempêtes familiales.
  • D’autres se demandent s’ils en seraient capables, avec leur propre entourage.
  • Et puis il y a ceux qui cherchent juste à comprendre comment on fait… pour partir, mais aussi pour gérer les liens, les relations, les racines.

Famille et vie nomade, c’est un duo qui soulève naturellement beaucoup de questions.

La famille, c’est un ancrage. Un socle, qu’on le veuille ou non. Alors forcément, quand on choisit une vie de mouvement, une vie de “déracinés volontaires”, la question des liens familiaux se pose. Est-ce qu’on emmène tout le monde dans nos valises ? Est-ce qu’on laisse des gens derrière ? Est-ce qu’on se sent soutenus, ou seuls ?

Et puis, soyons honnêtes : cette question nous touche, parce qu’elle nous renvoie aussi à ce que l’on a perdu, à ce qu’on a choisi de préserver, à ce qu’on construit, autrement.

Alors non, nos familles n’ont pas toutes sauté de joie.
Mais non, nous ne sommes pas seuls non plus.
Et oui, on a trouvé notre propre équilibre, entre détachement et soutien indéfectible.

Une réalité à deux visages

Quand on parle de notre entourage familial, il faut bien le dire : il y a deux ambiances.

D’un côté, il y a la famille de Yannick. Là-bas, les liens sont distants, parfois même absents.
Sa maman, elle, veille de loin, mais avec une vraie tendresse. Elle s’inquiète, bien sûr, mais elle voit bien que cette vie nous rend heureux, que les enfants s’épanouissent, et c’est tout ce qui compte pour elle. Alors chaque semaine, il y a ce petit rituel, cet appel pour prendre des nouvelles, partager nos bouts de vie, nos traversées de frontière, nos galères de van ou nos petites victoires. C’est simple, mais précieux.

Son père ? Les relations sont rares, superficielles. Et c’est comme ça depuis longtemps. Yannick l’accepte. Il n’a plus d’attente. Il envoie un message de temps en temps, pour les grandes étapes.
Et son frère… eh bien, depuis son mariage, nous n’existons plus. Silence radio. Et franchement, Yannick n’a plus envie de courir après des liens qui ne veulent plus exister. Il préfère consacrer son énergie à ceux qui l’aiment pour ce qu’il est, et pas pour ce qu’on attend qu’il soit.

Et puis, il y a ma famille à moi, où l’amour, même s’il est parfois discret, est une vraie force.

Mes parents ne sont plus là… Mais je sais. Je sais dans mes tripes qu’ils auraient adoré cette vie que l’on mène. Mon père, passionné, rêveur, curieux, aurait embarqué dans le van sans hésiter. Ma mère, toujours partante, toujours le cœur grand ouvert, nous aurait suivis les yeux fermés. Et je les imagine souvent avec nous, assis autour d’un feu, ou sur une plage au bout du monde.
Ils ne sont plus là physiquement, mais leur soutien, je le ressens, profondément.

Heureusement, il me reste ma sœur, mon pilier, ma confidente, mon soutien inconditionnel. Elle est là. Toujours. Et puis il y a ma tatie, cette femme merveilleuse qui nous a tant donné quand nous étions petites. C’est elle qui nous gardait pendant les tournées de marionnettes de mes parents, c’est elle qui a toujours été là. Quand on lui a annoncé notre choix de vie, elle m’a dit cette phrase qui m’a soulagée d’un poids énorme :
“N’attendez pas que je sois morte pour vivre vos rêves.”
Boum. C’était dit. Et ça m’a permis de partir le cœur plus léger, même si je sais qu’elle préférerait parfois nous savoir posés, installés… auprès d’elle.

Alors oui, les histoires de famille, c’est tout sauf simple.
Mais à travers ce parcours, on a appris à faire la paix avec ce qui est.
À accepter le détachement quand il est nécessaire,
et à chérir les liens sincères qui nous portent, qu’ils soient familiaux… ou choisis.


grandir ensemble

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Nos amis : notre meute du cœur

Il y a la famille de sang… et puis il y a la famille qu’on se choisit.
Celle qui entre dans nos vies un peu par hasard, mais qui y reste parce que ça résonne fort, parce que ça vibre pareil.

Nos amis, ce sont les fous, les rêveurs, les artistes, les marginaux lumineux qui, comme nous, marchent à côté des sentiers battus. Ils sont un peu éparpillés partout sur la planète, mais nos cœurs battent au même rythme, peu importe les fuseaux horaires. On ne s’appelle pas tous les jours, parfois pas même tous les mois… mais on sait.
On sait qu’en cas de besoin, ils sont là. Et nous aussi pour eux.

Ce sont eux qui ont crié de joie quand on leur a annoncé notre départ.
Ce sont eux qui nous ont écrit des messages de feu quand on a lancé notre blog, quand on a sorti notre livre, ou quand on a traversé un coup dur.
Et ce sont encore eux qui, aujourd’hui, nous disent sans détour :
“Continuez, vous êtes là où vous devez être.”

Ils nous encouragent, ils nous inspirent, ils nous bousculent parfois… et surtout, ils nous acceptent totalement. Avec notre van poussiéreux, nos choix éducatifs hors normes, nos repas sur le feu, nos histoires de frontière ou de visa.

Alors oui, même si la distance géographique est là, la proximité du cœur, elle, ne faiblit pas.
Et c’est peut-être ça, le plus beau dans cette vie nomade : on apprend à reconnaître les liens vrais, ceux qui n’ont pas besoin d’être entretenus en permanence pour rester solides.

Famille et vie nomade, un équilibre à inventer

Cette question, on se l’est souvent posée, surtout depuis que nous avons pris la route.
Et la réponse, elle s’est dessinée naturellement : une vraie famille, c’est celle qui te soutient, qui te porte, qui t’aime pour ce que tu es, pas pour ce que tu devrais être.

Famille et vie nomade, ce n’est pas forcément un duo évident. Mais ce n’est pas incompatible non plus. Peu importe les liens du sang, peu importe les kilomètres, peu importe la fréquence des appels.
Ce qui compte, c’est l’amour, l’acceptation, la liberté d’être soi.
Et à ce jeu-là, nous avons beaucoup de chance. Même si certaines branches de l’arbre sont absentes, les racines sont solides.

Notre vie est différente, elle bouscule parfois les repères, elle peut déranger ou intriguer.
Mais pour nous, elle est pleine de sens. Et sentir que certaines personnes nous accompagnent, de près ou de loin, avec respect, curiosité ou tendresse… c’est un vrai cadeau.

Alors, à toi qui nous lis :
Peut-être que tu rêves d’une vie différente, peut-être que tu l’as déjà commencée.
Tu as peur de ce que ta famille pourrait penser ? Tu doutes ? Tu hésites ?
Suis ton chemin. Parce qu’au final, c’est toi qui le vis, pas les autres.

Et si tu trouves des âmes qui te soutiennent sur la route… alors tu as trouvé ta famille.