A la découverte de la civilisation pré-colombienne
Pour ce voyage, le Château des Ducs de Bretagne nous emmène outre Atlantique à la découverte de la civilisation pré-colombienne et de ses trésors avec une exposition intitulée “Les Esprits, l’Or et le Chaman”.
“Les Esprits” car les peuples amérindiens conçoivent le cosmos comme un tout vivant dans lequel vivent l’homme et les autres êtres (animaux, plantes, fleuves, montagnes, esprits). Ces êtres composent une grande société cosmique régie par des règles de conduites strictes et partagent une même forme de pensée qui leur permet de passer d’un état à l’autre, d’échanger d’identités et de perspectives.
“Le Chaman” est le spécialiste religieux et le garant de l’ordre social. Il est expert dans ces processus de transformation.
“L’Or” car l’orfèvrerie préhispanique pré-colombienne révèle l’importance des croyances très anciennes liées à la transformation
L’exposition présente des objets qui prennent vie et dévoilent tout leur sens à la lumière des recherches archéologiques et ethnohistoriques, des mythologies et de la pensée des sociétés indigènes modernes.
La Nature humanisée
Pour les sociétés indigènes, il n’existe pas de différence entre les humains et les non-humains : les animaux et les plantes sont aussi des personnes, des humanités anciennes et diverses qui prennent aujourd’hui d’autres apparences.
Tous ces êtres vivent en communauté, font la cueillette, ont leur maison et dansent comme les hommes. Chacun a une façon particulière de voir le monde, une perspective propre déterminée par son corps, un corps-habit, que l’on peut enlever et changer à son gré.
La peinture corporelle
Elle est un instrument de beauté et de transformation. Les dessins et les couleurs marquent l’entrée dans un nouvel état ou un groupe social et définissent une nouvelle position dans la communauté.
Les plantes du pouvoir
Les plantes sont des êtres animées qui interagissent avec l’homme. On leur attribut des pouvoirs de guérison, de transformation et d’enseignement.
Les prêtres, les chamans et les hommes adultes utilisent un grand nombre de ces plantes au cours de leur vie religieuse dont le Yavé , flore sacrée “des dieux” et fondamentale dans la transformation en vue de la communication cosmique.
Identités de la personne
Les Amérindiens appliquaient souvent sur leur corps de nombreux ornements. Ils déformaient leurs crânes, bras et jambes, peignaient leur visage et leur corps, se paraient de couronnes, d’ornements de nez, de pectoraux, et d’autres objets métalliques.
La décoration constituait une seconde peau à travers laquelle une personne se définissait et se transformait.
Pour le peuple Amérindien, il n’existe pas une identité principale qui accompagne la personne toute sa vie.
Les transformations des Chamans
Les prêtres, chamans, caciques préhispaniques se transformaient en aigles, jaguars, chauve-souris et autres êtres puissants grâce à la consommation de substances enthéogènes, à la pratique de la méditation et du jeûne.
Les ornements et peintures imitant ces animaux créaient la seconde peau nécessaire à ces processus de transformation.
Les hommes félins
Le jaguar est associé à la religion et au pouvoir. Des personnes de haut rang portaient des noms associés aux félins, utilisaient des attributs fabriqués avec leur peau, s’ornaient de peintures imitant les tâches des animaux, portaient des queues et laissaient pousser leurs ongles.
On raconte que les caciques et les prêtres se transformaient en “grands chats” et que, lors des cérémonies, ils communiquaient avec les esprits des jaguars. Cette symbolique valait aux hommes-félins un profond respect.
Le Chaman assis
C’est une des représentations caractéristiques de l’activité chamanique. La position assise est synonyme de pensée, d’équilibre et de pouvoir, elle favorise la concentration.
Il existe deux postures :
- la personne assise sur un banquito ou un tabouret peu élevé. Les “petits bancs” symbolisent la stabilité et la sagesse des chamans.
- l’autre assise par terre avec les jambes pliées et les bras entourant les jambes.
Lorsque les chamans sont en position assise, ils voyagent vers l’axe cosmique et retrouvent leurs ancêtres. Ils maîtrisent également leurs transformations.
La guerre et le sacrifice
Dans les sociétés indigènes, la guerre avait souvent un caractère rituel. Les rivaux s’affrontaient en exhibant de grandes couronnes de plumes et des ornements en or. Les peintures corporelles sont des protections magiques contre les armes de leurs ennemis et leur donnaient la force de les vaincre.
Les guerriers vaincus étaient souvent sacrifiés. Les sacrifices, offrandes pour les dieux, étaient indispensables à la reproduction du cosmos et de la vie.
Le destin des âmes
La mort peut être perçue comme un éloignement vers l’au-delà. Elle implique aussi la réincarnation en un autre être comme un animal, une plante, une montagne ou une nouvelle personne.
Certains assimilent la mort au cannibalisme des dieux qui consomment les âmes des humains pour les faire ensuite retourner dans les maisons spirituelles des clans et assurer la naissance de nouveaux membres.
Devenir communauté
Le rituel funéraire était pratiqué en deux parties. Le corps était d’abord inhumé dans des tombes avec des offrandes en céramique et des ornements en métal.
Quelques temps après, un second enterrement était pratiqué : les ossements ou les cendres du défunt étaient exhumés et placés dans de grandes urnes qui étaient conservées dans les maisons ou les tombes. L’identité individuelle se fondait ainsi dans celle du groupe social.
A partir de la conquête
Au cours de la période coloniale, les pratiques rituelles indigènes étaient considérées comme des manifestations du démon et réprimées au cours de nombreuses campagnes contre “l’idolâtrie”. Les pièces d’orfèvrerie, considérées comme “idoles du mal”, furent détruites et fondues.
Les techniques d’orfèvrerie
Les orfèvres préhispaniques maîtrisaient le travail des métaux et des alliages, les techniques comme le martelage ou la fonte à la cire perdue.
La fabrication d’un objet impliquait le recours à plusieurs procédés, indication des vastes connaissances et de l’habileté dont faisaient preuve les orfèvres.
Comme toutes les autres activités de la vie indigène, la métallurgie devait aussi avoir une dimension spirituelle et iconographique.
Fonte à la cire perdue
Cette technique était dominante dans l’orfèvrerie préhispanique. Les orfèvres savaient comment transformer la cire des abeilles en ornements et en récipients métalliques.
Une vidéo nous explique cette technique en suivant tous les procédés depuis le modelage du motif jusqu’au polissage.
Une très belle exposition qui nous a permis de voyager dans un univers magique et qui nous a fait découvrir une civilisation où la spiritualité avait une place essentielle voire vitale.