Nous voilà donc parti pour notre première distillerie, et on a pas eu à chercher loin, elle est dans la même ville que dans laquelle nous résidons actuellement, à Rivière Pilote.

La Mauny, pour moi, c’était pas un grand nom du rhum, plus un rhum pas cher qu’on pouvait acheter en quantité pour passer de bonnes soirées ! Mais ici, on te fait bien comprendre que c’est plus que ça le rhum de la Martinique !

Déjà, il est bon de noter que c’est la dernière distillerie encore en activité du sud de la Martinique, ce qui en fait déjà un lieu plutôt intéressant à aller voir. Et puis une ballade en petit train est prévue pour visiter, donc les enfants étaient eux aussi enchantés !

Comme nous arrivons un peu tard, nous commençons donc par visiter la boutique, la “cabane” comme ils l’appellent, et là je découvre que La Mauny à une vraie gamme variée de rhum, allant du blanc qu’on trouve partout en métropole à du XO (eXtra Old – 6 ans au moins) en passant par les classiques VSOP (Very Superior Old Pale – 4 ans minimum) et cuvées spéciales. Mais je découvre aussi que La Mauny a racheté “Trois Rivières” et “Duquesne” donc c’est quand même une entreprise qui cartonne !

Après une courte vidéo qui nous montre le processus et une petite dégustation, je craque pour un bouteille de cuvée spéciale du maître de chais, que j’ai pu comparer avec le VSOP et le XO.

Puis c’est parti pour l’attraction centrale, la visite !

Dans un premier temps, on atteint la maison du grand maître, ancien détenteur de la plantation, généralement elle est proche afin qu’il puisse contrôler que tout se passe comme il faut.

Un peu plus loin, une petite plantation d’orangers qui sert à la réalisation des “Shrubs”, sorte de rhum arrangé avec des écorces d’oranges, mais aussi de jus.

Et enfin, la distillerie !
Alors là, c’est impressionnant, la structure est plutôt grande et ce qui m’a le plus frappé, c’est l’odeur. Ça sent le sucre de canne partout, le même que celui qu’on met dans les yaourts.

Puis on observe un peu la route de la canne à sucre, qui arrive par camion benne entier, et pourtant coupé à la main en cette saison. Déjà on imagine le travail qui a dû être accompli pour en arriver à ces quantités. Les fournisseurs de cannes n’étant pas seulement des gros industriels, mais aussi parfois des petits producteurs qui travaillent pour eux même et qui revendent directement leur production.

Là, la canne va être broyée, plusieurs fois pour en extraire le maximum de sucre, environ 95%.

C’est une opération qui est finalement bien plus payante que celle employée pour la très grande majorité des autres distilleries dans le monde, dont les rhums qui sont produits avec la mélasse de la canne, sous produit, même déchet de celle ci, qui donne des rhums industriels comme Bacardi, Havana Club et autres …

La production de la Martinique, aujourd’hui seule à avoir une AOP sur ses rhums, ne représente que 2% du volume mondial de rhum acheté, mais ces 2% sont bien entendu les meilleurs et de loin ! Donc ici on ne prend que le meilleur, le sucre directement !

Nous suivons donc doucement les étapes de préparation du jus de canne, qui fermentera ensuite via l’adjonction de levure et qui sera chauffé pendant 24 à 36h, chauffé à l’aide de la bagasse, le restant de la canne après extraction du jus, dans des fours immenses. Donc ici, rien ne se perd ! La bagasse en trop sert de compost pour les champs de canne à sucre, de nourriture pour le bétail et encore d’autres choses, l’objectif étant de ne rien perdre.

Puis nous arrivons au cœur de la préparation : les colonnes de l’alambic, ou plutôt des alambics.

Chaque colonne est unique, par sa conception, sa forme, ses matériaux, sa largeur, sa hauteur … Et ainsi chaque colonne produit UN rhum unique. Chez La Mauny il y en a 5 :

  • 3 pour les rhums de La Mauny
  • 1 pour le Trois Rivières
  • 1 pour le Duquesne

Avec 50000 litres de jus de canne, on obtiendra 3500 litres de rhum. Celui ci titrera entre 70 et 75°, ça pique ! Et je peux vous le confirmer car bien entendu je l’ai goûté : ça chauffe, ça brûle, ça pique et enfin on sent les arômes !

Cet alcool, qui retournerai le cerveau de plus d’un pirate, sera ensuite “coupé” avec de l’eau distillée afin d’atteindre une concentration raisonnable pour nos petits corps fragiles !

Il vieilli en fûts inox, éventuellement chêne en fonction du produit voulu.

Bonne dégustation !

Le site : La Mauny