Silence, on tourne … l’histoire du cinéma le Katorza

Pendant les journées du patrimoine, nous sommes allés découvrir les coulisses du cinéma le Katorza à Nantes.
Tous les nantais connaissent ce cinéma d’art et d’essai, emblématique de la Cité des Ducs de Bretagne. Situé en plein cœur de la ville, à deux pas de la place Graslin. Il est devenu l’un des incontournables dans le paysage culturel de la ville.
L’histoire d’un cinéma ambulant
Son histoire a commencé en 1898 grâce à Salomon Kétorza. Cet homme, originaire de Tunisie, est un montreur d’images. Il qui se promène alors avec sa “baraque” sur les rails et se rapproche régulièrement de Nantes.
Cette “baraque” est alors un train de 14 wagons faisant 27 mètres de long et 8 mètres de profondeur.
Il s’agit d’un cinéma ambulant avec un orgue pouvant remplacer 140 musiciens et un moteur remplaçant 50 chevaux.
Le 26 novembre 1898, Salomon adresse donc un courrier au maire de Nantes pour prévenir de l’installation de sa “baraque” pour la foire d’hiver.
La grande histoire entre Nantes et le Katorza commence …
Le cinéma ambulant se sédentarise
Après avoir installé périodiquement son cinéma ambulant à Nantes, il finit par s’y installer.
Dans un premier temps, il loue la salle de l’Apollo qu’il transformera en cinéma. Il sera ensuite transféré dans l’Elysée Graslin – devenu entre temps le Petit Casino, puis le Cinéma Théâtre Variétés, puis le Fémina – qu’il rebaptisera le Katorza (pour rappeler son nom et en souvenir des 14 wagons de sa “baraque” ambulante) le 4 juin 1920.

Salomon Katorza décède le 8 septembre 1928. Le lieu passe alors entre les mains des familles Gouguenheim et Heitzeberg. Ce dernier meurt dans un accident de voiture. C’est donc sa femme, Melle Nouaille, qui prend les rênes.
Les cinémas sont pleins, le bar du Katorza accueille du monde et le cinéma évolue comme son confort.
Le Katorza sous les bombes

Pendant la Seconde guerre mondiale, le Katroza est détruit par les bombardements le 16 septembre 1943.
Adrien Gouguenheim sera victime du nazisme et décédera à Auschwitz -Birkenau, le 2 septembre 1943.
Après la guerre, c’est Melle Nouaille qui fera reconstruire le cinéma. Il réouvrira ses portes le 30 avril 1951.
Les belles années
C’est le début de la belle époque pour le Katorza qui accueille les meilleures évolutions techniques du cinéma. Le cinémascope y arrive, après Londres et Paris. “L’écran nouveau est arrivé d’Amérique, roulé dans son emballage spécial …” avant le 70mm quelques années après, sur un écran géant de 4m50 sur 11. Les Révoltés du Bounty, de Lewis Milestone avec Marlon Brando, y sera projeté.
Nantes compte, en 1969, 21 salles de cinéma dans le centre et ses quartiers. La ville a oeuvré pour le cinéma grâce aux ciné-club et autres Fédérations des amicales laïques. Beaucoup de réalisateurs tournent à Nantes et dans sa région et ils viennent présenter leurs films au Katorza.
Ainsi les images de Roland Cassar, héros de Lola de Jacques Demy, se promenant rue Corneille face au Katorza restent à jamais inoubliables.

Après Melle Nouaille, dans les années 60, la famille Pineau reprend le Katroza. Jean-Serge, son directeur, va alors donner une image inoubliable de ce cinéma avec de nombreuses animations, cinéastes et festivals comme le Festival des 3 continents, créé par les frères Jalladeau.
En 1985, la programmation du film de Jean-Luc Godard, Je vous salue Marie, créera le scandale avec tous les soirs un groupe d’intégristes qui prie à genoux devant le cinéma.
Les années 80 verront le Katorza se transformer en complexe avec 6 salles.
Et en juin 1995, le groupe indépendant de l’ouest, la Soredic (SOciété REnnaise de DIffusion Cinématographique) rachète le Katorza à la famille Pineau. Ce groupe, dont l’activité d’exploitant de salle se nomme désormais Cinéville, poursuit depuis plus de 10 ans le long travail de diffuseur de cinéma au Katorza en privilégiant radicalement le cinéma d’Arts et d’Essais.
Le cinéma Le Katorza pour les nantais
Le Katorza est donc le rendez-vous incontournable des cinéphiles amateurs d’arts et d’essais et de films étrangers diffusés en version originale.
Le lieu se veut être accessible à tous les nantais et propose des moments familiaux comme les Goûters de l’Ecran à destination des enfants ou encore les séances Au Ciné avec Bébé.

L’équipe programme également des avant-premières avec la présence d’acteurs ou réalisateurs des films. Mais aussi des soirées-débats autour de premières et en lien parfois avec des associations.
Et chaque année, le Katorza participe activement aux festivals Les 3 Continents, Univerciné, L’Absurde Séance, le Cinéma Espagnols ou encore le Cinépride.
Dans les coulisses
Pendant notre visite, nous avons pu découvrir les coulisses de ce cinéma emblématique.
La directrice, Caroline Grimault, nous a raconté tous les secrets du choix des films ainsi que de leur programmation.

Puis, l’adjoint de direction, Marc Maesen, nous a raconté comment le 35mm a été remplacé par le numérique, le fonctionnement de chacun ainsi que l’évolution du métier de projectionniste.
Grâce à leur positionnement en Arts et Essais, le Katorza a pu conserver ses quatre projectionnistes. Grâce aux festivals, certains films sont diffusés en 35 mm et ils ont besoin des talents de ces hommes pour assurer une bonne projection.
D’ailleurs, l’un deux nous a fait entré dans la cabine de projection. Il nous a expliqué le fonctionnement des bobines de films 35 mm et son précieux savoir. C’est d’ailleurs grâce à lui que le projectionniste peut intervenir lorsqu’une image saute, une séance qui ne démarre pas ou un bruit de fond. Aujourd’hui, il travaille avec des fichiers numériques qu’il transfère vers un serveur informatique.
Nous avons beaucoup aimé découvrir l’histoire et les coulisses de ce cinéma nantais. Et, je crois d’ailleurs que ses fauteuils auront la visite d’une petite meute un peu plus souvent !
Venez découvrir vous aussi Le Katorza et vous offrir une chouette scéance !

Dommage ! Pas vu ! Nous ne sommes pas si loin de Nantes, une autre fois 🙂 Merci pour le partage !